Pour «Marche ou crève», Mark Hamill retrouve Stephen King

Isabelle Hontebeyrie
Tourné en ordre chronologique par Francis Lawrence afin de permettre aux acteurs de ressentir le plus possible les émotions de leur personnage, Marche ou crève met en vedette Mark Hamill (oui, dans un rôle de méchant!), Cooper Hoffman (le fils de Philip Seymour Hoffman), David Jonsson et Judy Greer.
En 1979, Stephen King sort, sous le pseudonyme de Richard Bachman, le roman Marche ou crève (c’est d’ailleurs le premier livre qu’il a écrit, huit ans avant Carrie). L’intrigue se déroule dans un futur dystopique où les États-Unis sont désormais une dictature dans laquelle, une fois par an, un concours est organisé pour les adolescents. Le gagnant est celui qui survit à cette marche sur la plus longue distance, les autres étant éliminés par des soldats lorsqu’ils enfreignent les règles (marcher trop lentement, s’arrêter, sortir de la route).

«C’est une histoire extrêmement sombre, a dit le réalisateur Francis Lawrence, interrogé par Fandango. C’est pour cette raison que ce qui m’intéressait dans cette histoire est la lumière amenée par les émotions. Nous avons pu rendre le langage ordurier et la violence de cette histoire. Je ne suis pas un amateur de gore et je n’aime pas la violence gratuite, mais l’intensité de Marche ou crève est justifiée.»
Pour Mark Hamill, vu dans La vie de Chuck, également un roman de Stephen King, il s’agit d’un heureux hasard. «Tant La vie de Chuck que Marche ou crève sont des œuvres atypiques de Stephen King», a-t-il indiqué.
L’acteur incarne le Major, figure militaire responsable de cette marche à mort, chargée d’en superviser les règles brutales. «Le gouvernement, le système est le véritable antagoniste, a-t-il souligné. Mais, en tant que représentant du gouvernement, c’est au Major qu’il revient d’appliquer les règles. Je suis donc le deuxième méchant du film.»

Un univers brutal
«J’ai lu le roman il y a environ 20 ans, a détaillé le cinéaste. Malheureusement, les droits d’adaptation étaient déjà acquis. C’est d’ailleurs le roman préféré de mon fils et j’adore Marche ou crève. Puis l’un des producteurs l’a mis sur mon bureau. J’aime beaucoup les romans de Stephen King et je suis particulièrement sensible à l’intensité de celui-ci.»
«Ce qui m’a particulièrement intéressé est le fait que cette histoire interpelle le lecteur. On se met à la place des protagonistes, on se demande comment on réagirait. Et l’aspect qui m’a séduit est la camaraderie qui se développe entre les concurrents, la dynamique entre eux, leurs relations et les émotions.»

Tant le roman que le film Marche ou crève racontent le point de vue de Raymond Garraty, incarné par Cooper Hoffman. Invité par le magazine GQ à parler de son rôle, celui d’un concurrent dont le père a été tué par le gouvernement, le jeune acteur, fils du regretté Philip Seymour Hoffman, n’a pas caché le parallèle entre les deux vécus.
«Il est impossible de cacher un traumatisme que tout le monde connaît. Je me suis dit: autant l’exprimer. Parce que si je continue à le cacher et à le fuir, ce n'est pas honnête pour ceux qui ont vécu la même chose. Je suis là pour montrer mon personnage et son expérience de la manière la plus sincère possible, et j’espère que des membres du public peuvent s’y reconnaître. C’est, à mon avis, l’unique raison de faire de l’art.»
Comme un parfum de Hunger Games?
Avec Francis Lawrence à la barre de ce Marche ou crève et la prémisse d’un concours à mort, la comparaison avec la franchise des Hunger Games s’impose d’elle-même.
«Ce qui différencie Marche ou crève de Hunger Games est que le premier donne une impression d’authenticité. L’univers dépeint est réaliste. Ce n’est pas du tout un monde fantastique, ce n’est pas un monde de science-fiction!» a expliqué le cinéaste à Fandago.
De plus, il a précisé que le niveau de violence de Marche ou crève n’était pas le même. «En raison de l’auditoire – jeune – de Hunger Games, il y a beaucoup de choses que nous ne pouvions pas montrer.»
Marche ou crève déboule dans les salles obscures dès le 12 septembre.