Pour le meilleur et pour le pire, Trump va de «win» en «win»


Richard Latendresse
Il y a une bonne dizaine d’années que les nouvelles concernant le président des États-Unis n’ont pas été aussi bonnes. Même pour Barack Obama, son deuxième mandat avait pris fin sur un fossé partisan encore plus profond que ce qu’il avait connu au départ.
Confusion et impulsivité avaient gangrené le premier passage de Trump à la présidence. Avec sa gestion de la sortie de la pandémie de COVID-19, Joe Biden a généré une hausse du coût de la vie qui a affecté l’humeur de ses compatriotes jusqu’à l’élection présidentielle de novembre dernier.
Donald Trump, depuis son retour à la Maison-Blanche, multiplie les décisions controversées, dangereuses selon certains, potentiellement anticonstitutionnelles. Entre-temps, toutefois, il accumule les succès, les fameux «win» qu’il promettait depuis si longtemps à ses partisans.
UNE BELLE GROSSE VICTOIRE
On ne soulignera jamais assez l’importance de l’adoption de son «Big Beautiful Bill» (sa «belle grosse loi») au Congrès. Cette loi avec la réécriture des règles fiscales, l’investissement massif en sécurité aux frontières et ses restrictions dans l’accès à différents programmes sociaux affectera les États-Unis pendant des années.
Donald Trump peut légitimement se pavaner, ayant constaté que les élus républicains se sont, tout compte fait, montrés dociles, aussi farouchement anti-déficit ou modérément pro-aide aux plus démunis pouvaient-ils prétendre être.
La Cour suprême continue d’acquiescer à ses impulsions. L’an dernier, on lui a reconnu une large immunité dans l’exercice de ses fonctions. Au cours des derniers jours, la majorité conservatrice a limité la capacité des tribunaux inférieurs de bloquer ses politiques. Et jeudi, le plus haut tribunal du pays confirmait la possibilité d’expulser des migrants en situation irrégulière vers des pays avec lesquels ils n'ont aucun lien.
«TANNÉS DE GAGNER»
Hormis ses déclarations emphatiques sur le rétablissement de la grandeur des États-Unis, Donald Trump avait assis sa campagne présidentielle sur les piliers de la lutte à l’inflation et à l’immigration illégale.
En dépit du déploiement chaotique de ses droits de douane planétaires, le taux d'inflation demeure à un niveau raisonnable de 2,4%. Et le New York Times, lui-même, reconnaissait plus tôt cette semaine que le nombre de personnes traversant illégalement la frontière mexicaine a chuté comme jamais depuis des décennies, «signe que le message de dissuasion du président Trump et ses politiques d’immigration strictes contribuent à empêcher les gens d’entrer».
UNE PRÉSIDENCE TONITRUANTE
À l’étranger, les «win» se font attendre. Dans la bande de Gaza, l’offensive de l’armée israélienne contre le Hamas approfondit chaque jour un peu plus la misère et le désespoir de la population palestinienne.
En Ukraine, malgré l’engagement de stopper le conflit en 24 heures, on y est toujours près de 4000 heures plus tard. Cela dit, l’opération audacieuse contre les installations nucléaires iraniennes, qu’aucun de ses trois prédécesseurs n’avait osé entreprendre, pourrait avoir créé les conditions d’une forme de paix au Moyen-Orient.
Du côté de l’OTAN, fini les atermoiements: les pays membres prévoient gonfler leurs dépenses de défense et comme j’ai pu le voir au sommet du G7 à Kananaskis, tout est fait et tout est dit pour ne pas déplaire au président américain.
Qu’on ne se méprenne pas, je n’avance surtout pas que la liste de victoires de Trump est bonne pour les États-Unis. Les bouleversements qu’il impose aux alliances militaires et aux partenariats commerciaux vont laisser des cicatrices. Et les divisions entre Américains, je le constate chaque jour, ne vont qu’en s’intensifiant.
Je relève seulement que Donald Trump, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, est en train de prouver qu'il est – et sera fort possiblement – un président marquant dans l'histoire américaine. C’est ce que les six derniers mois démontrent.