Pour «Le combattant»: Dwayne Johnson se réinvente

Isabelle Hontebeyrie
Dwayne Johnson est, depuis des décennies, le héros parfait de films d’action de pur divertissement. Mais, devant les caméras du réalisateur Benny Safdie, il incarne le combattant de MMA Mark Kerr, un homme brisé par la douleur. Et l’ancien The Rock pourrait bien ainsi redéfinir sa carrière et son image.
Depuis des années, Dwayne Johnson n’a jamais caché son désir d’obtenir un rôle plus «brut et viscéral», un rôle qui lui permette de s’éloigner de son image publique. Le personnage – bien réel – de Mark Kerr est arrivé à point nommé. Le sportif a, certes, connu la gloire, mais aussi une longue descente aux enfers.

Transformation radicale
Son immersion dans le rôle a exigé un engagement sans précédent, y compris une transformation physique. Au-delà des trois heures quotidiennes de maquillage et de prothèses pour ressembler à Mark Kerr, Dwayne Johnson a puisé dans ses propres expériences douloureuses pour se connecter au personnage ainsi qu’il l’a révélé dans les pages du New York Times.
«La pire douleur que j’aie jamais ressentie... La pire douleur que j’aie jamais ressentie, c’était quand on nous a expulsés d’Hawaï et qu’on m’a envoyé vivre à Nashville avec mon père», a-t-il dit, la gorge nouée par l’émotion.
Au réseau CBS, il a poursuivi sa réflexion: «Le film m’a donné l’occasion de me déchirer intérieurement et de laisser éclater mes émotions. Ce que je fuyais est en fait ce dont j’avais le plus besoin».
Il a également avoué avoir été «terrifié» de ne pas être à la hauteur de ce rôle qui l’obsédait depuis des années au point d’être, avec le cinéaste (gagnant du Lion d’argent du meilleur réalisateur pour le long métrage), producteur de Le combattant.
Loin des franchises d’action à haute teneur en catastrophes, en effets spéciaux et en poursuites, Le combattant est le film indépendant par excellence, brut et réaliste, dans la veine de ses Une nuit sous tension de 2017 et Uncut Gems de 2019 et une collaboration surprenante entre The Rock et Benny Safdie.
L’obsession du détail

L’engagement de Dwayne Johnson se voit jusque dans les détails les plus infimes. Au New York Times, il raconte comment son célèbre coup de poing de lutteur est le fruit d’un travail acharné. Après s’être fait critiquer par un vétéran de l’industrie, Pat Patterson, Johnson a étudié des vidéos en ralenti de son idole d’enfance, Razor Ramon.
«Tu dois lancer un excellent coup de poing, a-t-il dit. C’est le bloc de construction de base de tout le spectacle. L’écosystème délicat de la lutte professionnelle – la fausseté et la réalité, le feuilleton et la bagarre de rue – tout repose sur les fondations d’un coup de poing qui, même si tout le monde sait qu’il est faux, semble aussi causer de réels dommages», a-t-il détaillé en se remémorant les conseils de Pat Patterson.
Et c’est ce même perfectionnisme qui a poussé Dwayne Johnson à insister pour recevoir un vrai coup de poing d’un combattant de MMA pendant le tournage. «J’ai vu trois têtes de Benny Safdie [le réalisateur], a-t-il plaisanté en entrevue à MMA Junkie. La nature authentique et brute du film exigeait du réalisme sur le plateau.»
Le lien de Dwayne Johnson avec Mark Kerr est également personnel. Il avoue avoir envisagé une carrière en arts martiaux mixtes et avoir croisé le lutteur dans une salle de sport, il y a des années.
Plus profondément, le personnage de Mark Kerr fait écho à une blessure personnelle de Johnson, avec une phrase lancée par son père au cours d’une dispute apocalyptique alors qu’il n’avait que 15 ans: «Qu’est-ce que tu penses avoir à offrir?».

Cette question en forme d’insulte et jamais oubliée, a nourri sa détermination et le pousse encore aujourd’hui à se dépasser.
Le combattant (The Smashing Machine en v.o.) fait le coup de poing sur les écrans de la province dès le 3 octobre.