Pour la CAQ, le sauvetage du réseau de santé est un échec


Josée Legault
La tempête Trump souffle fort sur la planète. Au Canada, la campagne électorale en est happée inévitablement. Résultat: pendant ce temps, des dossiers politiques majeurs croupissent dans notre angle mort.
Au Québec, on parle entre autres de l’incapacité du gouvernement caquiste à livrer sa promesse d’un réseau public de santé «plus accessible, plus efficace et plus humain». Jusqu’ici, force est de constater l’échec.
Les seules gagnantes sont les cliniques privées où les soins et services sont payés directement de la poche des patients. Elles poussent d’ailleurs partout au Québec comme des champignons de luxe.
Le Québec est ainsi l’unique province où sévit un système de santé à deux vitesses – privée payante et publique. Pour la fierté nationale, on repassera.
Le ministre Christian Dubé avait pourtant promis un redressement majeur du réseau public de santé et de services sociaux. Les plans et les annonces se sont multipliés.
Dernier coup: la création de l’agence Santé Québec dirigée par de soi-disant top guns payés à hauts prix par les fonds publics.
Leur mission: «opérationnaliser» sur le terrain les «orientations» politiques dictées par le ministre de la Santé. C’était fort joli sur papier.
Massacre
Or, le gouvernement ayant accumulé un déficit historique, la première tâche de Santé Québec est plutôt de sabrer dans les budgets du réseau public.
Pour 1,5 milliard de dollars l’automne dernier et, maintenant, selon ce qu’en rapporte La Presse, pour «3,6 milliards de dollars qu’elle devra résorber d’ici la fin de l’année». Un massacre à la scie.
Jusqu’ici, Santé Québec ne sert donc pas tant à améliorer le réseau de santé et de services sociaux qu’à porter l’odieux de devoir couper dans les soins et les services à la population. Cherchez l’erreur.
La gratte passe. Des budgets de réfection et d’entretien, pourtant une des lignes de défense contre la propagation des infections, sont aussi coupés, reportés ou annulés.
S’ajoute l’énième report du sauvetage de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) dans l’est de Montréal. Cet hôpital essentiel pour une part importante de la population québécoise est en si piètre état qu’on s’y croirait au tiers-monde.
Culture du «jetable après usage»
Au Québec, HMR n’est pas le seul hôpital non plus en décrépitude avancée au point de mettre en danger la santé et la sécurité des patients et du personnel.
Je le dis depuis longtemps, nos gouvernements, tous partis confondus, trempent dans une culture électoraliste à très courte vue du «jetable après usage».
Les ministres préfèrent couper des rubans au devoir de s’assurer du bon entretien du patrimoine bâti des services publics, dont les hôpitaux, les CHSLD et les écoles.
Combien d’édifices, laissés jadis en parfait état par des ordres de religieuses, ont été gravement négligés depuis par les pouvoirs publics?
Nous voilà donc aux prises avec un réseau public de santé dysfonctionnel prisonnier en plus d’édifices vétustes à force de ne pas avoir été entretenu.
Tellement que quiconque a passé du temps dans un hôpital vétuste se pense carrément dans un hôtel de luxe dès qu’il met les pieds au CHUM ou au CUSM. Tous les hôpitaux devraient pourtant être sécuritaires et propres.
Pour le gouvernement Legault, l’échec pèse lourd. En plus de traîner de la patte derrière le PQ dans les sondages depuis deux ans, le dossier de la santé risque fort d’être un thème dominant aux élections d’octobre 2026.
Et cette fois-ci, s’il ne renverse pas la vapeur, Donald Trump ne réussira pas à le faire oublier.