Pour l'ex-gagnante d'«OD» Trudy Simoneau, la troisième fois a été la bonne: «Je ne voulais rien savoir des maisons de disques»
Ses albums tablettés deux fois, elle lance enfin son premier album en carrière

Cédric Bélanger
«Mon album s’intitule Go Solo parce que je me suis dit que cette fois, personne ne va m’arrêter ou me mettre des bâtons dans les roues. Je ne voulais rien savoir des maisons de disques parce que je voulais absolument que ça voie le jour.»
Tous les chanteurs et les chanteuses de la planète rêvent de signer un contrat avec une grande étiquette musicale, mais en lisant ce qui suit, vous comprendrez pourquoi Trudy Simoneau, qui fait de la musique en utilisant seulement son prénom, préfère s’en tenir loin.
Celle que les Québécois connaissent surtout pour sa victoire à OD Afrique du Sud, en 2019, et qui a aussi compté parmi les beautés de l’émission Le banquier, en a bavé avant de réaliser, à 30 ans, son rêve de présenter ses chansons au public.
Repérée et signée à 18 ans sur l’étiquette affiliée à Warner de Corey Hart, elle croyait que ça y était. Mais son mini-album concocté avec pour objectif de séduire le marché canadien-anglais n’a jamais été lancé.
Tassée par Louane
Quelques années plus tard, après une performance remarquée à l’émission The Voice, en France, la chanteuse québécoise a apposé sa signature au bas d’un contrat de Mercury Records, filiale d'Universal Music.
Elle se pensait partie pour la gloire. À cause de ses racines musicales country, on voulait faire d’elle la «Shania Twain française». Elle a plutôt vécu une seconde déception.
«J’ai enregistré un album au grand complet, tourné des clips à gros budgets, mais mon équipe de gérance représentait aussi Louane. Elle venait de jouer dans La famille Bélier et tout décollait pour elle. Avec raison, ils ont tout misé sur Louane», relate celle qui a pris la chose avec philosophie.
«J’ai trop rencontré d’artistes qui ont vécu des choses similaires. Malheureusement, ça arrive souvent dans l’industrie.»

La revanche avec Connor Seidel
Dans les circonstances, la sortie de Go Solo de façon indépendante, vendredi dernier, représente pour Trudy une belle revanche après un parcours musical parsemé d’embûches.
Précédé des extraits Shouldn't Have To, Memphis et Moving On, cet album country-folk est le fruit d'un partenariat avec le producteur le plus en demande de Montréal, Connor Seidel (Charlotte Cardin, Half Moon Run, Les sœurs Boulay et plusieurs autres).
«Depuis le premier album de Matt Holubowski, j’ai l’œil dessus. Je rêvais de travailler avec lui. J’ai pris une chance et lui ai envoyé des maquettes guitares-voix», raconte Trudy Simoneau.
Mais pourquoi lui absolument? «Il est vraiment bon pour comprendre l’essence d’un artiste et le faire rayonner.»
Rayonner. Maintenant qu'elle n'est plus obligée d'attendre après personne, c'est ce que souhaite Trudy.
Elle a aussi dit
À propos de son album et son amour pour Kacey Musgraves
«Quand j’ai commencé à travailler en studio avec Connor, ma principale influence était Kacey Musgraves. Golden Hour est mon album préféré à vie. Je l’écoutais sans arrêt pendant que j’amorçais le travail de mon album. Les arrangements et la production, ça s’écoute tellement bien du début à la fin. Je suis peut-être un peu moins pop qu'elle, mais je me reconnais dans la manière qu’elle chante. Je me disais que c’était une direction intéressante à explorer.»
À propos de tenter sa chance à Nashville
«Oui, j’en ai envie. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours porté ce rêve américain dans mon cœur. Très tôt dans ma carrière, avec Corey Hart, il m’avait réservé un vol pour Nashville. J’étais allé le rencontrer là-bas et j’avais chanté devant lui. C’était mon premier pas dans l’industrie de la musique, mon premier voyage aussi. Je me suis toujours dit que j’aimerais y retourner pour faire de la musique.»
À propos d’Occupation double et ses lendemains
«Ça m’a ouvert des portes et établi en tant qu’autrice-compositrice-interprète dès que j’en suis sortie. Par contre, quand tu fais une téléréalité comme Occupation double, tu es tellement déconnectée de la réalité que c’est très déstabilisant quand tu reviens sur terre. Le retour à la réalité a été hyper intense. Ce n’était pas normal. J’habitais sur le boulevard Fleury à Montréal et je me faisais reconnaître partout. Tout le monde te dit que c’est inclus dans ces émissions, mais tant que tu ne le vis pas, tu ne peux pas comprendre. Professionnellement, je ne savais pas trop par où commencer, ni comment m’y prendre. Si les gens qui m’approchaient tentaient de profiter de la visibilité d’OD? Bien oui, 100%. C’est pourquoi c’était important de laisser la poussière retomber. Ça fait quand même trois ans de ça. C’était important de prendre le temps de super bien m’entourer et de bien faire les choses.»