«Soyez d’une extrême vigilance»: cinq conseils pour prévenir les risques de noyade
Trois petits de 4 et 5 ans ont sombré ce week-end dans des piscines résidentielles, s’inquiètent des experts

Valérie Gonthier
Le pire cauchemar d’un parent propriétaire d’une piscine est survenu ce week-end: trois enfants ont été retrouvés inanimés dans l’eau. Un bambin de quatre ans, de Saint-Lambert, est décédé, alors qu’un autre de cinq ans, de Repentigny, repose toujours entre la vie et la mort. À Lévis, un garçon a été sauvé in extremis.
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«On s’adresse à tous ceux qui ont eu la chance de ne jamais vivre ça dans leur vie: soyez d’une extrême vigilance», a lancé François Boucher, de la police de Longueuil. Ces drames, qui semblent accidentels, rappellent qu’une noyade est vite arrivée et souvent évitable, ont insisté des experts consultés par Le Journal.
Voici quelques conseils pour profiter de la piscine en toute sécurité.
Une piscine inaccessible

«La priorité est de rendre inaccessible la piscine», a insisté le directeur général de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins. Québec a serré la vis aux propriétaires de piscine en supprimant le droit acquis pour celles installées avant novembre 2010. D’ici le 1er juillet 2023, toutes les piscines de la province devront être ceinturées d’une clôture, même si la cour est clôturée. Mais l’échéancier pour se conformer à la réglementation pourrait être repoussé au 1er septembre 2025, en raison de la pénurie de main-d’œuvre et de matériaux.
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«Nous invitons fortement tous les propriétaires à se conformer et à sécuriser leur piscine sans délai. Nous ne reculerons pas sur cette nécessité pour tout propriétaire de piscine résidentielle, construite avant 2010, d’effectuer les travaux. Il faut sécuriser rapidement sa piscine, car tôt ou tard, il sera nécessaire de le faire malgré la pénurie de matériaux et de main-d’œuvre», a averti le bureau de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec, Andrée Laforest.
D’ici à ce que la piscine soit sécurisée, il faut répéter aux enfants qu’on ne va pas dans l’eau sans être accompagné d’un adulte, a insisté Michèle Mercier, de la Croix-Rouge.

Surveiller sans relâche
Un enfant qui se noie le fait en silence, rappelle le policier de Longueuil François Boucher.
«Il ne faut pas penser qu’il va crier et se débattre, c’est une mort invisible, foudroyante», a-t-il dit.
La surveillance doit donc être constante. «Si on doit rentrer dans la maison, même quelques instants, on sort l’enfant de la piscine et on l’amène avec nous», a-t-il suggéré.
Dans 85 % des décès d’enfant dans une piscine, la victime y avait eu accès en échappant à la surveillance d’un adulte. Et une noyade peut survenir en 15 à 20 secondes, rappelle Raynald Hawkins.
«En groupe, il faut désigner un sauveteur. Son mandat : surveiller les enfants, rien d’autre», rappelle-t-il.
Cours de secourisme

Les premières minutes sont cruciales pour éviter la noyade. C’est pourquoi au moins un adulte par maisonnée devrait avoir suivi une formation de secouriste, croient des experts.
«Chaque minute que l’on tarde à sortir un enfant de l’eau, il y a un pourcentage de réduction de la vitalité. Parce que plus on tarde à sortir un enfant de l’eau, plus cela impacte la consommation d’oxygène au cerveau, ce qui amène des dommages cérébraux», a expliqué M. Hawkins.
Pour un enfant qui est resté cinq minutes dans l’eau, il y a 50 % de chances qu’il soit réanimé et 50 % de risques qu’il ait des séquelles, a-t-il donné en exemple.
Un faux sentiment de sécurité
Des détecteurs de mouvements dans l’eau lorsque personne ne se baigne ou des bracelets au poignet des enfants pour avertir de leur présence dans une piscine : il existe différents dispositifs électroniques pour prévenir des noyades.
Des outils qui peuvent aider, mais qui ne remplaceront jamais l’efficacité de la surveillance d’un adulte responsable, combinée à une barrière munie d’une porte autofermante et autoverrouillante, a insisté Michèle Mercier, de la Croix-Rouge.
«Tout ce qui est mécanique peut être sujet à un bris. Et ça peut donner un faux sentiment de sécurité», a-t-elle dit.
Apprendre à nager

Les enfants doivent apprendre à nager, insistent plusieurs. Mais en raison de la pandémie, ainsi que de la pénurie de main-d’œuvre, bon nombre de parents ont peiné à inscrire leurs petits à des cours de natation.
«On constate que les enfants ont régressé depuis deux ans à ce niveau, c’est préoccupant», a indiqué Raynald Hawkins.
Lorsqu’un enfant ne sait pas nager, mieux vaut l’équiper d’un gilet de sauvetage, a renchéri Michèle Mercier, directrice prévention et sécurité à la Croix-Rouge.
«Et je ne parle pas des petits flotteurs en caoutchouc qu’on met aux bras», a-t-elle précisé.
Et surtout, malgré un dispositif de flottaison, on n’arrête pas la surveillance, a-t-elle insisté.
Les systèmes de flottaison que les enfants portent aux bras ou à la taille sont plutôt des «aides à la baignade» adaptées pour ceux qui ont déjà appris à nager, a-t-elle dit.
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