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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Pour éviter d'autres Madame Chantal, il faut un ordre professionnel des enseignants

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Photo portrait de Philippe-Vincent Foisy

Philippe-Vincent Foisy

2023-04-27T04:00:00Z
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En 2012, un ancien ministre de l’Éducation disait qu’un ordre professionnel permettrait «[d’assurer la qualité de l’enseignement [...] et [de] donner enfin aux enseignants le statut qu’ils méritent».

Cet ancien ministre est notre actuel premier ministre François Legault. Malheureusement, sa promesse semble avoir été abandonnée.

Pourtant, un ordre serait utile, surtout à la lumière des nombreux cas de comportements inappropriés dans nos écoles.

Prenons le cas de Mme Chantal qui a beuglé contre ses jeunes de 1re année.

On a appris que plusieurs plaintes avaient été déposées à la direction et au centre de services scolaire...

Il a fallu qu’un courageux parent glisse une enregistreuse dans le sac de son enfant puis qu’il remette l’enregistrement à QUB pour que les choses changent.

  • Écoutez l'entrevue avec Brigitte Bilodeau, première vice-présidente de la Fédération des syndicats des enseignants (FSE-CSQ) et responsable des dossiers pédagogiques à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio : 

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Ce n’est pas facile

Les parents doivent suivre plusieurs étapes s’ils veulent se plaindre d’un professeur au protecteur de l’élève. Il faut communiquer avec 1) l’intervenant (le professeur), 2) la direction, 3) le responsable aux plaintes, 4) faire une demande de révision.

Et pour les professeurs? Ceux qui auraient pu entendre crier Mme Chantal par exemple? Aussi compliqué.

Un professeur nous a récemment écrit pour nous l’expliquer.

Il a déjà averti sa direction pour un manquement grave d’un de ses collègues. La direction a rencontré le professeur en question, mais ce n’est pas allé plus loin. Le processus est trop complexe et difficile.

La direction ferme un peu les yeux, me disait l’enseignant.

Avec un ordre

En Ontario, c’est beaucoup plus simple. L’ordre professionnel pour les professeurs existe depuis 1997. Un professeur ou un parent peut se tourner vers l’ordre qui va traiter le dossier de façon indépendante et transparente. L’autre avantage, c’est de donner au public toute l’information sur la nature et le nombre de plaintes.

Au Québec, il faut plutôt faire des demandes à tous les centres de services scolaires pour espérer avoir quelque chose. Dites-vous que ça leur prend des mois pour nous dire le nombre d’employés manquants...

Un ordre, kossé que ça donne?

Les ordres servent à protéger le public. Les infirmières, les ingénieurs, les architectes, les médecins ont des ordres.

Un professeur peut faire toute la différence dans la vie d’un enfant, d’un ado et de ses parents. Un bon professeur donne le goût de lire, d’apprendre, d’être passionné. Un professeur, c’est un architecte qui aide les jeunes à se construire, un ingénieur qui donne les outils pour se bâtir, un psychologue, un conseiller en ressources humaines, un avocat pour les jeunes.

Un ordre pourrait aussi permettre de garantir une formation continue aux enseignants ; assurer une plus grande autonomie professionnelle; évaluer les enseignants.

Et ça valoriserait la profession en pleine pénurie de main-d’œuvre.

Soyons honnêtes, ça ne réglera pas tout, mais on protégerait mieux nos jeunes et on enverrait un message clair aux enseignants : vous êtes essentiels à la fondation de notre société !

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