Pour en finir avec la taxe carbone


Mathieu Bock-Côté
Une étrange formule circule depuis quelques jours: on entend dire, et on lit que les Québécois ne seraient plus favorables à la taxe carbone.
L’argument est le suivant: ils seraient aujourd’hui les seuls à s’imposer cette contrainte fiscale écologiste, au nom de la lutte contre les changements climatiques, à laquelle ils contribuent pourtant déjà beaucoup.
Dès lors, ils la vivraient désormais comme une injustice et voudraient s’en délivrer.
Ce discours se tient, sauf qu’il me semble reposer sur une inexactitude relative.
Écologisme
Je m’explique: je ne suis pas certain que les Québécois aient déjà été favorables à cette taxe et qu’ils ne s’en détourneraient qu’à regret. On leur a plutôt enfoncé dans la gorge, sur le mode du chantage écologiste.
En gros, on leur disait: payez cette taxe, et réjouissez-vous de la payer, sans quoi vous basculerez dans le camp écocidaire.
Alors les Québécois, qui détestent déplaire, ont essayé de traiter ce fardeau comme une chance.
Il faut dire qu’ils ont l’habitude de subir un État kleptocratique, à Ottawa comme à Québec, qui les détrousse et dévalise sans cesse, officiellement pour leur fournir les meilleurs services publics de la galaxie, dans les faits pour nourrir et engraisser une classe bureaucratique qui sans cette s’étend, en vampirisant financièrement le corps social.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Alors un jour, ils en ont marre. Et disent, poliment, que la taxe carbone est de trop, et voudraient bien qu’on les en libère.
Peut-être pourraient-ils en profiter pour se questionner un peu sur l’écologisme, auquel il faudrait apparemment donner le bon Dieu sans confession.
Car les écologistes ne veulent pas seulement lutter contre le réchauffement climatique. Ils sont en guerre contre la civilisation techno-industrielle.
Ils rêvent de nous ramener dans un monde qu’ils imaginent paroissial, pastoral, folklorique, en harmonie avec la nature.
Dans les faits, ils nous promettent sans le dire une existence confinée.
Confinée dans nos quartiers, dont on pourra sortir de plus en plus difficilement tellement la voiture deviendra inutilisable.
Confinée dans des habitations collectivistes qui sont censées remplacer à terme les maisons individuelles. Confinée dans nos pays, car il sera de moins en moins possible de prendre l’avion.
Le rêve écologiste en est un d’encasernement et n’est pas exempt d’une grosse tentation policière. Il a d’ailleurs inventé le métier de fouilleur de poubelles, payés par l’État, avec le fruit de nos taxes et impôts, pour mettre le nez dans nos vidanges et vérifier si on trie correctement les ordures et le recyclage.
Confinement
C’est ce qu’on appelle un manque de respect élémentaire pour l’intimité de chacun.
L’écologisme vire rapidement au cauchemar de l’écoanxiété. Il relève moins d’un amour de la nature et de la planète que d’une panique existentielle. Contredisez un écologiste et il est possible qu’il fonde en larmes devant vous.
Et si nous reprenions certaines questions à neuf?
Exemple: si le Québec dispose vraiment de ressources gazières, serait-il scandaleux qu’il les exploite?