Pour des normes environnementales dignes d’une nation qui se respecte

Virginie Dostie-Toupin, Conseillère municipale, Saint-Lambert
La question des normes environnementales survient fréquemment dans les médias ces derniers temps. La liste de grands titres ne cesse de s’allonger: controverses sur les normes de nickel, d’arsenic et de pentlandite, écoulement dangereux à Kanesatake, entreprises sciemment autorisées à contrevenir aux normes, inquiétudes concernant un projet de dépotoir à Blainville qui transformerait le Québec en poubelle toxique des États-Unis et de l’Ontario, contaminants éternels et pesticides dans notre eau...
Ajoutons à cette désolante litanie le projet fédéral qui consiste à hausser les limites de résidus de pesticides sur nos aliments. Ce dernier est d’ailleurs revenu sous le radar médiatique grâce à l’onde de choc provoquée par la démission Dr Lanphear. Dans sa lettre coup de poing, le conseiller scientifique juge que l’ARLA et Santé Canada ne méritent plus notre confiance puisqu’ils protègent davantage l’industrie des pesticides que les Canadiens.
Dans le flot continu de nouvelles instantanées qui nous submerge, on traite chacun de ces sujets singulièrement. On en discute un temps, puis on oublie sagement.
Or, si on reliait les points entre eux, comme dans les jeux auxquels on s’adonnait enfant, l’image qui se dessinerait sous nos yeux se révélerait triste à souhait.
En effet, quand on effectue les rapprochements qui s’imposent entre tous ces dossiers, on ne peut que tirer la conclusion suivante : nos normes environnementales ne s’avèrent pas dignes d’une nation qui se respecte.
Embrasser notre européanité
C’est bien connu: l’identité québécoise s’inscrit dans le creuset de deux traditions culturelles fort distinctes. Elle arbore des racines européennes bien ancrées, doublées d’un caractère nord-américain assumé. Si notre cœur balance entre les deux, il n’en demeure pas moins que, du fait de notre proximité géographique et politique, c’est bien plus souvent avec nos voisins américains que nous avons l’habitude de nous mesurer. Surtout quand la comparaison nous console... Or, sur la question des normes environnementales, c’est vers les premiers de classe européens que nous devrions nous tourner. Plutôt que de donner carte blanche à l’industrie, d’octroyer une confiance aveugle aux Crop Life de ce monde ou de favoriser le typique laisser-faire américain, nous aurions intérêt à émuler les ambitieux standards européens. À leur image, il est grand temps que nous accordions l’ultime priorité à la santé, à l’environnement et au bien-être des citoyens d’aujourd’hui et de demain.
Responsabilité collective et individuelle
Bien entendu, ce nécessaire tour de vis impliquera d’importants ajustements réglementaires et une bonne dose de courage politique, mais il exigera aussi un changement de culture et de comportements individuels.
À preuve, les ventes records de pesticides au Québec demandent une importante prise de conscience. Nous devons urgemment cesser d’épandre des substances toxiques qui polluent notre sol, notre air et nos cours d’eau, et ce, simplement parce que nous craignons les pissenlits ! Si la sécurité alimentaire et économique dicte une certaine prudence face aux restrictions des normes dans les milieux industriels et agroalimentaires, ce n’est pas le cas en ce qui concerne l’usage de produits toxiques à des fins esthétiques. Ce dernier pourrait prendre fin demain matin, non seulement sans heurts, mais avec des bienfaits!
Le pouvoir citoyen est trop souvent sous-estimé. Ne négligeons pas l’impact du fameux «acheter c’est voter». Encourageons les compagnies qui respectent les meilleures normes et boycottons les cancres. Dans le même ordre d’idée, signifions à nos élus que les normes environnementales importent et votons en conséquence.

Virginie Dostie-Toupin
Conseillère municipale, Saint-Lambert
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