Après 33 ans en prison pour des meurtres qu’il n’aurait pas commis, Daniel Jolivet retrouve la liberté
Il a pu sortir de prison, au grand soulagement de ses proches, mais l’affaire n’est pas encore réglée

Michael Nguyen
Un Montréalais qui aurait été condamné à tort en 1992 pour un quadruple meurtre est enfin sorti de prison après 33 ans, en attendant la fin de son combat visant à le faire innocenter.
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«Les choses ont beaucoup changé en 33 ans, je vous souhaite bon courage», a déclaré la juge Lyne Décarie en ordonnant la libération sous caution de Daniel Jolivet, ce vendredi au palais de justice de Montréal.
Submergé par l’émotion, l’homme de 68 ans n’a pas pu retenir ses larmes, mais ajoutant quand même avec humour être, pour une première fois, heureux d’être venu à la cour.
Il a ensuite été libéré, ce qui lui a permis de serrer enfin ses proches dans les bras.
«Les premières choses que je vais faire, c’est manger des cigares au chou, boire de la bière d’épinette, et dormir», a-t-il ensuite déclaré, sourire aux lèvres et la larme à l’œil, après être sorti de détention.

«C’est le meilleur cadeau de Noël qu’on pouvait me faire», a pour sa part affirmé sa petite-fille Brittany Madore, qui attendait depuis des années de serrer son grand-père dans ses bras.

Preuve douteuse
C’est que depuis 1992, Jolivet est détenu pour les meurtres de deux trafiquants de drogue et de deux jeunes femmes, abattus à la mitraillette à la suite d’un règlement de comptes à Brossard.
Jolivet, qui trafiquait de la cocaïne, a toujours clamé son innocence. Mais le témoignage d’un ex-policier véreux, Claude Riendeau, qui jurait avoir eu des confessions de Jolivet, lui avait valu la prison à vie.

La Cour d’appel avait ordonné un nouveau procès en 1999, mais la Cour suprême avait ensuite scellé son sort.
En détention depuis, Jolivet n’a toutefois jamais cessé son combat. Et au fil des années, ses avocats du projet Innocence-Québec ont monté un dossier pour prouver qu’il était en fait la victime d’une erreur judiciaire.
Cet automne, la Couronne avait admis que Jolivet n’avait probablement pas eu droit à un procès «juste et équitable».

Proches soulagés
Mais si la cour a ordonné la libération sous caution de Jolivet en attendant que le ministre fédéral de la Justice tranche sur son cas, il devra se soumettre à une série de conditions, dont ne pas fréquenter de gens criminalisés.
Il pourra toutefois compter sur le soutien de ses proches, qui étaient d’ailleurs présents à la cour ce vendredi.
«C’est juste de la joie aujourd’hui», avait d’ailleurs commenté son beau-fils Yan Madore.

Son avocat contribuera aussi personnellement, en lui payant un an de loyer afin de l’aider à s’adapter à la vie de 2025.
«Le monde a changé depuis 1992, la vitesse de la vie est différente maintenant, c’est pour ça qu’il sera accompagné, a souligné Me St-Jacques. Comment avoir un permis de conduire, comment s’inscrire aux services gouvernementaux... Tout ça va être nouveau pour lui.»
Jolivet, qui a abondamment remercié ceux qui l’ont soutenu, sait toutefois que son combat n’est pas terminé.
«Je veux un nouveau procès, et être acquitté honorablement», a-t-il lancé.
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