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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

«Pour avoir du plaisir, il faut avoir connu la misère»

Luc Dionne au Centre des dramatiques quotidiennes de Radio-Canada, en août 2016.
Luc Dionne au Centre des dramatiques quotidiennes de Radio-Canada, en août 2016. Photo Agence QMI, Sébastien St-Jean
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Photo portrait de Rodger Brulotte

Rodger Brulotte

2022-07-24T09:00:00Z
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Luc Dionne, le scénariste, aimait lire les bandes dessinées et la série de romans de Bob Morane. Aujourd’hui, il aime lire Astérix au bord de sa piscine. Il se souvient encore que l’orienteur à l’école lui avait suggéré de suivre des cours de littérature et d’écriture. Au retour à la maison, il confie son plan de carrière à son père en lui disant que l’orienteur n’était pas doué. Son père a tout simplement répondu : « Mon fils, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve ».


Tu as demeuré dans le quartier de Duvernay.

Dans mon quartier, il y avait des gars plus vieux que moi, dont Claude Meunier et Serge Fiori qui un jour donnait un spectacle à mon école avec le groupe Harmonium. Nous étions indisciplinés. La musique s’arrête. Serge prend le micro et dit : « Si vous n’aimez pas notre musique nous allons (juron) notre camp d’icitte ». 


Tu jouais au hockey jusqu’à ce que tes pieds soient gelés. 

Tôt le matin, avec mes amis les Pouliot, Vermette et Varin, nous jouions sur la patinoire du parc Saint-Ernest. La tradition de mon grand-père qui nous incitait à mettre du poivre dans nos bas, c’était nul. J’ai aussi été préposé aux bâtons pour le Concorde de Laval Junior.

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Omertà est la toute première télésérie que tu as écrite.  


Après avoir travaillé dans plusieurs domaines dont à titre d’attaché politique à Québec, j’ai écrit ma toute première télésérie. Finalement, mon orienteur avait plus de flair que moi. 


La famille faisait du camping dans une tente.

L’été, nous partions, mon père, ma mère et les quatre enfants, pour Myrtle Beach, avec une boîte sur le toit, notre immense tente et nos valises. 


L’arrêt à Washington était souvent de trop.

Chaque année, nous arrêtions à Washington, ce qui fait que nous arrivions à Myrtle Beach dans la noirceur, pas de lumière pour nous éclairer, mais des centaines de moustiques pour nous piquer. 


Tu étais plus trempé que ton auto.

J’avais une vieille Vega qui était tellement percée que je sortais du lave-auto tout mouillé. D’ailleurs, mon père m’avait défendu de stationner cette vieille voiture devant la maison.


Tes premiers emplois ?

J’étais emballeur à l’épicerie Jean-Paul Théorêt. Ensuite, j’ai travaillé au Centre de la Nature, à titre de moniteur. Je ne comprends pas encore, à ce jour, pourquoi quelques jeunes de 12 ans, avec la météo qui touchait les -30 °C, venaient glisser et patiner un mardi soir.  


Ton père a consacré sa vie à l’enseignement.

Mon père enseignait les mathématiques à l’université et la majorité de mes professeurs étaient ses élèves. D’ailleurs, les livres pour les cours des maths à l’école étaient écrits par lui.


Ta mère est une excellente pianiste.

Maman, Jeanne Barbier, qui fêtera ses 90 ans dans quelques jours, a fait partie de plusieurs chorales.

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Maman, continue à jouer du piano, on ne dort pas.

Lorsque nous étions couchés, maman jouait du piano. Cependant, lorsqu’elle cessait de jouer on lui disait : « Maman n’arrête pas svp, on ne dort pas encore ». 


Tu faisais de l’angoisse quand ta mère quittait la maison.

Ma grand-mère avait trouvé la solution pour guérir mon angoisse. Une bouillotte d’eau chaude sur mon ventre et elle me donnait deux bonbons Smarties. 


Des Smarties ?

Elle me disait qu’ils goûtaient comme des Smarties, mais en réalité ce n’en étaient pas. Mon angoisse a été chassée et je mange toujours des Smarties. 


Tu es un trompettiste. 

Je me suis joint à plusieurs corps de clairons, dont les Châtelaines de Laval Corps de Tambours et Clairons, même avant un match des Expos. J’ai joué de la trompette pour ensuite donner des cours de trompette. 


Tu as fait ton secondaire à l’école Georges-Vanier de Laval.

J’étais inscrit dans le programme AMI (Approche Modulaire Individualisée) qui m’amenait à faire des apprentissages via la lecture et les exercices, accompagné par un enseignant.


Tu progressais à ton rythme.

J’ai progressé à mon rythme dans le respect d’un échéancier préétabli. Cependant, je dois avouer que j’aurais dû accélérer mon rythme. 


Ta mère s’inquiétait de ta solitude.

Souvent, je restais dans ma chambre pour faire beaucoup de lecture. Mon père la rassurait en lui disant de ne pas s’inquiéter, car cela faisait partie de mon apprentissage de la vie.  


Vous êtes quatre enfants.

Mes frères Serge, René-Claude, et ma sœur Carole, qui dirige l’agence de casting spécialisée en figuration la plus sollicitée du Québec. J’ai communiqué avec elle, car elle était directrice d’une association de motards, et je lui ai demandé d’en trouver une trentaine pour faire de la figuration dans Omertà


Tu te considères chanceux d’avoir vécu une belle jeunesse.

Oui, étant un fanatique de musique : Robert Charlebois, au Parc de la nature, Ginette Reno, sur la montagne, Harmoniu


Une de tes rencontres les plus importantes fut avec Paolo Noël et René Angélil. 

Nous étions en train de tourner le film Omertà. Les deux insistaient pour manger avec les techniciens.


Ils se confiaient sur les belles années du cabaret.

Nous écoutions attentivement leurs aventures. Le monde du cabaret, la mafia montréalaise, sauf que, souvent, ils riaient tellement qu’ils ne finissaient pas leur histoire.


Es-tu un bon bricoleur ?

Je suis excellent pour démolir, mais je trouve rarement le temps pour reconstruire ce que j’ai démoli.  


Tu es l’enfant dans ta vie de couple.

Ma conjointe Annie Letourneau est formidable, tant à la maison, car je suis comme un enfant, que dans notre travail. Son travail est tellement important, car c’est elle qui assure la cohérence de l’histoire.


Tu voulais ramener un personnage que tu avais fait mourir. 

Un bon matin, Annie me dit : « Le personnage que tu veux ramener dans la télésérie, on a un problème majeur, tu l’as fait mourir il y a deux ans ». 

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