«Postes de police» chinois: la mairesse de Brossard affirme être «muselée»


Yannick Beaudoin
La mairesse de Brossard, Doreen Assaad, affirme être muselée dans le dossier des deux présumés «postes de police» chinois visés par une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
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Ces établissements sont soupçonnés d’avoir été utilisés par le Parti communiste chinois pour intimider des membres de la diaspora chinoise au Québec.
L’un d’eux, le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, est situé sur le territoire de Brossard. La directrice de ce présumé «poste de police» chinois, Xixi Li, poursuit pour diffamation la mairesse Doreen Assaad. Elle lui réclame un montant de 68 000 $ en dommages.
Or, Mme Li a reçu le 7 février dernier une médaille de la Gouverneure générale du Canada en raison de «ses réalisations exceptionnelles» pour avoir contribué à «bâtir le Canada d’aujourd’hui».

En entrevue à l’émission de Benoit Dutrizac, sur les ondes de QUB radio, au 99,5 FM à Montréal, la mairesse de Brossard a indiqué avoir appris mardi soir, lors d’une assemblée publique, que Xixi Li s’était vue décerner cette récompense.
«On était tous très surpris, moi également. Et je vous dirais, surtout quand l'élu à ma droite a commencé à applaudir, [il y a eu] un sentiment de malaise incroyable dans la salle», a raconté Mme Assaad.

Rapidement, la mairesse de Brossard a avoué qu’elle devait être très prudente quant à ses commentaires dans ce dossier en raison de la poursuite intentée contre elle.
«C'est sûr que j'aimerais bien en dire plus, mais présentement, je suis poursuivie, donc je dois être vraiment limitée dans ce que je peux dire, a-t-elle mentionné. Je crois que c'est vraiment dans un esprit de vouloir museler les types d'interventions que je pourrais faire.»
Écoutez l'entrevue complète de Doreen Assaad à l'émission de Benoit Dutrizac ici:
Celle-ci répète néanmoins être étonnée de voir Mme Li recevoir une telle récompense.
«Je ne veux vraiment pas me prononcer sur ce qu'elle a fait ou n'a pas fait. Je suis désolée. Mais une chose certaine, je trouve que c'est assez particulier qu'on se trouve dans une situation où il n'y a aucune instance ou personne qui est prête à prendre la parole dans cette situation. Je suis la seule, vraiment, qui ose discuter de ce qu'on observe», a tout de même déclaré Doreen Assaad.
Cette dernière estime que Brossard est «laissée à elle-même». Elle n’a aucune information de la GRC quant à l’évolution de l’enquête et aucune communication avec d’autres paliers de gouvernement.
«On n'entend rien. On n'a pas de nouvelles d'avancement ni de support dans le cadre de cette situation. Et ça devient très inconfortable», soutient la mairesse de Brossard.
Même si elle estime être muselée, Mme Assaad refuse d’être réduite au silence.
«Je veux démontrer en tant que porte-parole de la ville que j'ai le courage de dire ce que j'ai à dire, mais malheureusement, je suis quand même limitée dans ce que je peux vous dire», conclut-elle.