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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Postes Canada doit cesser la livraison à domicile pour survivre, conclut la Commission d’enquête

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Photo portrait de Raphaël Pirro

Raphaël Pirro

2025-05-16T17:25:13Z
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«Confrontée à une crise existentielle», Postes Canada devrait notamment cesser la livraison quotidienne du courrier à domicile si elle compte «rattraper ses concurrents», selon un rapport publié à une semaine d’une reprise possible de la grève.

Il ne s’agit que d’une des nombreuses recommandations formulées dans un rapport de 187 pages de la Commission d’enquête sur les relations de travail.

«La distribution quotidienne du courrier à la porte pour les adresses individuelles doit être progressivement supprimée et des boîtes postales communautaires doivent être mises en place dans la mesure du possible. La livraison quotidienne aux entreprises doit être maintenue», écrit le commissaire William Kaplan.

Ce rapport a été commandé l’hiver dernier par l’ancien ministre fédéral du Travail après un arrêt de travail de cinq semaines qui a marqué les esprits avant le temps des Fêtes.

Ottawa avait ordonné un retour au travail et une extension des conventions collectives jusqu’au 22 mai pour laisser l’employeur s’entendre avec le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP).

Fermeture de bureaux de poste ruraux

M. Kaplan recommande aussi que le gouvernement mette fin aux moratoires empêchant la fermeture ou la conversion de certains bureaux de poste en milieu rural, dont le maintien accroît les pertes de la société d’État.

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Il propose aussi d’ouvrir la porte aux travailleurs à temps partiel «pour distribuer les colis la fin de semaine et pour aider à gérer le volume pendant la semaine».

«Il n’y a pas d’avenir pour la Société canadienne des postes si elle ne peut pas recourir à des employés à temps partiel pour répondre à ses besoins pendant la semaine et la fin de semaine selon le volume», tranche-t-il.

Il s’agissait d’un point de friction important avec le STTP, qui voyait d’un mauvais œil l’embauche de travailleurs saisonniers ou travaillant uniquement la fin de semaine.

Une situation intenable

L’heure est grave, souligne à grands traits le commissaire: «si Postes Canada doit continuer à fonctionner sans subventions continues et croissantes de la part du gouvernement du Canada, la situation exige une réflexion pragmatique et lucide.»

La société d’État, financièrement indépendante, s’est néanmoins appuyée sur des aides financières du fédéral totalisant 1 milliard $ simplement pour éviter la faillite.

Postes Canada occupe une part de moins en moins importante dans le marché en croissance de la livraison de colis: il est passé de 62% en 2019 à 29% en 2023.

Le commissaire note que la dernière grève «a entraîné une désertion supplémentaire, mesurable et presque certaine de clients de longue date qui ont décidé de faire affaire ailleurs et qui ont informé Postes Canada qu’ils ne reviendraient jamais».

Pas tendre avec le syndicat

Le commissaire n’est pas tendre envers le STTP, dont il rejette les arguments à presque tous les détours. Le syndicat n’avait pas répondu à notre demande de commentaire au moment d’écrire ces lignes.

À l’opposé, le président-directeur général de Postes Canada, Doug Ettinger, a salué «une évaluation franche et claire des défis auxquels nous sommes confrontés».

Il juge que le rapport du commissaire Kaplan «jette les bases d’un service postal moderne conçu pour répondre aux besoins en évolution du pays».

En entrevue à LCN vendredi, Marc Ranger, ex-directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique et parapublique, a déclaré qu’une «révolution» était nécessaire pour amener la société d’État dans l’ère moderne.

«Il fallait s’attendre à ce que ce rapport-là frappe fort, mais là, maintenant, je pense que ça laisse poindre une certaine révolution», a-t-il dit.

Entretemps, les négociations pour de nouvelles conventions collectives se poursuivent par l’entremise de médiateurs fédéraux.

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