Postes Canada... ça sent la fin!


Marc-André Leclerc
Le déclenchement d’une grève générale à Postes Canada ne surprend pas: on sent que le navire est en perdition.
Le conflit actuel, né de l’imposition de transformations radicales orchestrées par le ministre Joël Lightbound, révèle l’incapacité profonde de l’institution à s’adapter à la nouvelle réalité.
La grève, fruit d’un désaccord sur les coupes et la modernisation, pourrait n’être que le signal d’alarme final: la fin d’un modèle post-historique.
Depuis trop longtemps, Postes Canada navigue à vue. Le virage nécessaire vers la numérisation, la livraison express, les partenariats logistiques, les offres hybrides courrier-colis, tout cela est arrivé trop tard ou avec des freins internes trop puissants.
Figé dans le temps
Au moment où le reste du secteur s’invente, où les géants du commerce en ligne redéfinissent les chaînes d’approvisionnement, une entreprise d’État paralysée par ses lourdeurs syndicales et ses habitudes gagne du terrain... en régression.
La grève révèle la contradiction centrale: d’une part, la direction veut moderniser brutalement; d’autre part, le personnel craint pour ses acquis, ses emplois, son rôle.
Le fossé paraît aujourd’hui de plus en plus irréparable. Et si les clients peuvent se passer temporairement du service postal, les décideurs politiques peuvent se dire qu’on peut s’en passer de façon permanente.
Usure du public
C’est là le danger ultime: que le public, usé par les retards, le manque d’innovation, la rigidité organisationnelle, jette l’éponge.
L’écosystème postal au pays, entre pertes financières structurelles, pressions budgétaires et concurrence féroce, est arrivé à un point de non-retour.
Postes Canada n’a pas su se transformer à temps. Cette grève généralisée pourrait bien être l’acte final d’une institution incapable d’évoluer.
Si rien ne change très vite, si les réformes sont imposées sans vision ni cohésion, il ne sera plus question de sauver Postes Canada: ce sera adieu à Postes Canada tel qu’on l’a connu.