Possession de porno juvénile: déclaré délinquant dangereux à 81 ans
L’octogénaire avait déjà été en prison pour avoir abusé sexuellement de six enfants entre les années 1970 et 2000.


Camille Payant
Un pédophile de 81 ans qui a agressé sexuellement six enfants entre 1970 et 2000 vient d’être déclaré pour une deuxième fois délinquant à contrôler, car il a été coincé avec plus de 30 000 fichiers de porno juvénile.
«Il est impératif de lancer un message à quiconque serait tenté d’agir comme l’a fait l’accusé, qu’un fichier est un fichier de trop», a estimé le juge François Landry, cet automne, au palais de justice de Joliette, en condamnant Réal Destroismaisons à cinq ans de pénitencier suivi d’une surveillance de sept ans.
Le résident de Repentigny, sur la Rive-Nord de Montréal, a été pris en juillet 2022 avec plus de 33 000 fichiers de pornographie juvénile sur un disque dur et deux ordinateurs qui se trouvaient dans sa chambre.
Les images, qui avaient été téléchargées entre 2020 et 2022, représentaient pour la plupart de jeunes enfants âgés de moins de 12 ans.
Destroismaisons avait mentionné aux policiers lors de la perquisition que «tant que t’en as dans ta chambre à coucher, ça ne dérange pas», estimant que ce qui se passait dans cette pièce ne concernait personne d’autre que lui.
Exutoire
Celui qui a été diagnostiqué d’un trouble pédophilique assure néanmoins éviter la présence des enfants depuis plusieurs années.
«La consommation de pornographie juvénile a pu servir d’exutoire à sa déviance, tout en [la] minimisant, car il ne faisait pas de victime directe, mais sans tenir compte des victimes indirectes», indique-t-on dans son rapport présentenciel.
L’octogénaire avait déjà fait face à la justice au début des années 2000. Arrêté au poste frontalier de Lacolle alors qu’il revenait d’un hiver en Floride, il avait été au départ accusé d’agression sexuelle sur deux fillettes de moins de 10 ans.
À la suite d’un article paru dans Le Journal, d’autres victimes s’étaient manifestées à la police de Saint-Jean-sur-Richelieu.
«C’est un cas très sérieux», avait alors indiqué le policier Pierre Chouinard.

Destroismaisons avait finalement été déclaré coupable de diverses infractions à caractère sexuel commises sur quatre fillettes et deux jeunes garçons, entre 1971 et 2003.
Il avait été déclaré délinquant dangereux en 2006, mais la Cour d’appel avait infirmé la décision quatre ans plus tard, le déclarant délinquant à contrôler. Il avait alors écopé d’une peine de six ans de pénitencier suivie d’une période de surveillance de sept ans.
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Déviant malgré les thérapies
Dans les années suivant sa condamnation, Destroismaisons avait participé pendant plusieurs mois à un programme de traitement, suivi de deux ans dans un programme de maintien des acquis.
«L’incapacité actuelle de monsieur de mieux prévenir ses récidives, en dépit d’une intervention correctionnelle s’étendant sur une vingtaine d’années, nous préoccupe», s’est toutefois alarmé l’auteur du rapport présentenciel.
Selon ce dernier, le risque de récidive de Réal Destroismaisons est «supérieur à la moyenne des délinquants sexuels».
«Le Tribunal estime qu’il existe une possibilité réelle que ce risque puisse être maintenu au sein de la société», a conclu le juge Landry.
Dans ce dossier, la Couronne, représentée par Me Aurélie Major, réclamait une peine de quatre à six ans en plus d’une surveillance de 10 ans. L’avocate de Réal Destroismaisons espérait pour sa part obtenir une peine de deux ans moins un jour assortie à une probation de trois ans.
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