Posé, réfléchi et en plein contrôle


Marc de Foy
Patrick Roy l’a dit en français et répété en anglais lors de son point de presse d’avant-match. Il ne se voyait pas comme le point de mire de la rencontre opposant ses Islanders au Canadien, jeudi soir. Mais qu’il le veuille ou non, c’est la perception que les amateurs de hockey du Québec auront de lui partout où son destin le mènera. Il est la dernière grande légende de l’histoire de l’équipe. La seule encore de ce monde.
Roy l’a constaté lors de l’hommage audiovisuel dont il a fait l’objet pendant l’interprétation du Ô Canada. La foule l’ovationnait à tout rompre pendant que des images de lui à ses beaux jours dans l’uniforme du Tricolore défilaient sur les écrans géants.
Mais en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, le Canadien menait 3 à 0 et la foule jubilait!
N’empêche.
Tant pis pour les Sénateurs!
Pour les 40 ans et moins, Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur sont des images sur pellicules. Mais ils ont été témoins des exploits de Roy au Forum. Ils l’ont vu procurer au Canadien ses deux dernières coupes Stanley, celle de 1986 et celle de 1993. Ils l’ont vu répéter l’exploit avec l’Avalanche du Colorado, en 1996 et en 2001.
Pour plusieurs, le Tricolore n’aurait jamais dû échanger Patrick. En apercevant la toile de fond aux couleurs des Islanders lors de sa rencontre avec les journalistes, certains ont sans doute souhaité que l’arrière-scène soit celle frappée du logo du CH. Michael Andlauer s’est peut-être dit que ça aurait dû être celle aux couleurs des Sénateurs d’Ottawa.
Roy n’a pas bronché d’un iota quand je l’ai interrogé en rapport avec les propos du propriétaire des Sénateurs, qui a avoué à l’occasion d’une entrevue à une station de radio de Gatineau qu’il regrettait un peu de ne pas l’avoir embauché. Il a répondu qu’il était heureux d’être avec les Islanders et qu’il leur portait toute son attention.
Andlauer aurait dû dire à ses hommes de hockey d’y penser quand c’était le temps au lieu de vouloir attendre après la saison pour examiner le dossier du prochain entraîneur-chef.
Méchante erreur!
Le gros coup, c’est Lou Lamoriello qui l’a réalisé. Roy a vanté d’ailleurs les mérites de son nouveau patron et de Jacques Lemaire, qui lui seront sans doute d’un précieux appui.
Un vrai coach de la LNH
C’est un entraîneur différent de celui que l’on voyait avec l’Avalanche du Colorado qu’on a vu au podium. Roy était posé, réfléchi et en pleine possession de ses moyens. Il a maintenant les allures d’un vrai entraîneur de la LNH.
Une longue expérience faite de hauts et de bas est derrière ça. Oui, il lui arrivera encore peut-être de péter une coche, mais c’est propre au personnage qu’il est. Il ne changera pas du tout au tout quand même.
Regardez John Tortorella.
Il est plus calme qu’à ses jours avec le Lightning de Tampa Bay, les Rangers de New York et les Canucks de Vancouver, mais la flamme brûle toujours en lui. Il veut gagner à tout prix.
C’est la même chose pour son ancien protégé Martin St-Louis, qui doit se sentir bien seul par moments, cependant, derrière le banc d’une équipe en reconstruction.
Fait rare
Roy et lui se sont amenés derrière le banc d’équipes de la LNH précédés d’une grande réputation comme joueurs. Ce sont deux membres québécois du Panthéon du hockey qui s’affrontaient hier soir.
C’est rare!
Ce n’est même peut-être jamais arrivé.
Un dicton dit que les grands joueurs ne font pas de bons entraîneurs. Il y a peut-être du vrai là-dedans. «Toe» Blake, vainqueur de trois coupes Stanley comme joueur et maître d’œuvre de huit conquêtes de la coupe 13 ans derrière le banc du Canadien.
Connaissant Roy, il rêve de gagner la coupe en qualité d’entraîneur. C’est l’un des rares faits d’armes qui manquent à son palmarès, un autre étant une médaille d’or olympique.
Arrivera-t-il à faire des Islanders une équipe championne?
À première vue, ça semble peu probable. Si oui, il devra se dépêcher, car il a une équipe vieillissante entre les mains.
Mais comptez sur lui pour transmettre sa passion à ses joueurs.