Visages de notre histoire: portrait de Lucie Bruneau

Centre des Mémoires Montréalaises
Pionnière des soins de santé
Certains ont dit d’elle que si elle avait été un homme, Montréal lui aurait érigé une statue. En effet, Lucie Bruneau est de ces personnes qui auront laissé leurs réalisations parler à leur place. Au cours de sa vie, qui commence en 1877, Lucie Bruneau, née Lamoureux, aura été témoin d’importants changements dans la société québécoise, notamment dans le domaine des soins de santé. Épouse de Théodule Bruneau, doyen de la faculté de médecine de l’Université de Montréal, elle est sans doute aux premières loges pour observer certains problèmes. Le travail de sa vie sera d’agir pour les résoudre. Comme beaucoup de femmes de son époque, Lucie Bruneau s’implique dans divers mouvements de philanthropie. En 1907, aux côtés de Justine Lacoste-Beaubien et d’Irma Levasseur, elle participe à la fondation de l’hôpital Sainte-Justine, fleuron québécois de la médecine pédiatrique. Le rôle de la bourgeoisie dans ces activités caritatives, notamment envers l’enfance, est crucial à l’époque.
Réalisations
Une très discrète héroïne
En effet, l’État ne prend pas encore en charge les soins de santé et Montréal est alors l’une des pires villes en Occident en ce qui concerne la mortalité infantile. Les préoccupations quant aux soins aux enfants prennent l’avant-scène et ce domaine, avec l’hygiène publique, est l’un des premiers dans lesquels l’État s’impliquera davantage. Mais nous n’en sommes toujours pas à la nationalisation des soins de santé et Lucie Bruneau continue malgré tout son action au sein d’associations caritatives. Elle développe à cette époque une sensibilité particulière pour les enfants atteints de handicaps physiques ou psychologiques. Dans les années 1920 et 1930, après la création de l’Association catholique de l’aide aux enfants infirmes et la fondation d’écoles spécialisées, elle se lance en politique et devient, avec Elizabeth Monk et Jessie Kathleen Fisher, l’une des premières femmes élues au conseil municipal de Montréal, et première conseillère municipale francophone. Elle occupera ces fonctions de 1940 à 1942.
Impacts actuels
Un héritage toujours actif

Certaines des écoles fondées par Lucie Bruneau existent toujours. C’est le cas de l’école Victor-Doré et du centre Le Grillon, respectivement une école et un centre de loisirs spécialisés dans l’éducation et les services offerts aux enfants et aux jeunes atteints de déficiences. Cependant, c’est en 1950 qu’elle fonde l’œuvre qui restera son héritage le plus connu : une maison d’aide et de réadaptation pour personnes handicapées, qui peut alors accueillir 16 personnes. Lucie Bruneau décède l’année suivante, en 1951, mais la maison lui survit et devient, en 1979, le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau. L’institution porte toujours son nom sur la rue Laurier, et offre des services de loisirs et d’ergothérapie, des soins de réadaptation et d’hébergement. De nos jours, elle fait partie du réseau de santé publique et continue de contribuer au mieux-être et à l’intégration des personnes en situation de handicap.