Visages de notre histoire: Portrait de Ben et Joe Weider

Centre des Mémoires Montréalaises
Enfants des rues montréalaises
Les frères Joseph (1919-2013) et Benjamin Weider (1923-2008) passent leur enfance à Montréal, dans les années 1920-1930. Leurs parents, juifs ashkénazes, sont originaires de Pologne. À l’époque, les secteurs du Plateau Mont-Royal et du Mile-End, où ils habitent, sont réputés difficiles. Les conflits se règlent à coups de poing. La légende raconte que c’est pour mieux se défendre que les Weider, adolescents, commencent à s’initier à la culture physique avec un équipement improvisé dans le garage familial. Ben Weider raconte qu’à l’époque, l’équipement en provenance des États-Unis était dispendieux. Ben et Joe, alors adolescents, commencent donc à fabriquer leur matériel et fondent alors le rêve d’une entreprise de culture physique qui leur permettrait de gagner plus facilement les matchs de boxe et de lutte... et surtout la cagnotte remise au vainqueur !

RÉALISATIONS
Pionniers de la culture physique
À 18 ans, vers la fin des années 1930, Joe remporte l’importante Compétition d’haltérophilie du Québec. La « méthode » Weider commence à porter fruit ! Le culturisme moderne existe depuis le milieu du 19e siècle, au moins, mais le succès de la méthode Weider est de s’inspirer de techniques françaises notamment, pour intensifier l’entraînement et obtenir des résultats plus rapidement. L’entreprise, commencée en 1943 avec la publication d’une revue, prend de l’ampleur grâce à la vente d’équipements et à la création d’événements compétitifs comme le championnat M. America et M. Univers. À la fin des années 1960, Joe est le « Master Blaster » du culturisme nouveau et Ben est l’homme d’affaires derrière leur empire de la forme physique. Un jeune athlète autrichien, adepte de leur méthode, rêve de Hollywood et devient le porte-parole parfait pour l’expansion vers les États-Unis. Cet inconnu est bien sûr Arnold Schwarzenegger ! Lui et Joe Weider se lancent à l’assaut de la Californie, où l’entreprise prospère encore de nos jours. La méthode Weider s’ouvre aussi à des publics nouveaux comme les minorités culturelles, et même les femmes, encourageant chacun à s’initier à l’activité physique.
HÉRITAGE
IMPACT(S) | ACTUEL(S)
Le sport et la culture en héritage
Alors que Joe Weider a poursuivi sa carrière en Californie, Ben Weider est demeuré attaché au Québec. La trace des deux frères, et de Ben en particulier, est visible dans la ville à plus d’un égard : le secteur de Notre-Dame-de-Grâce accueille le centre communautaire juif Ben Weider, et certains se souviendront que l’actuel gym Sablon, dans le centre Immaculée-Conception, était à l’origine un gymnase Weider. La fortune de Ben Weider lui permet de devenir un philanthrope important pour Montréal. En plus d’être féru de culture physique, il était aussi un fin connaisseur de Louis Cyr, de Louis Riel et surtout de Napoléon Bonaparte ! Collectionneur sérieux et érudit sur ce sujet, il a publié l’une des théories expliquant la mort de Napoléon par empoisonnement. Il a légué en 2007 au Musée des Beaux-Arts de Montréal sa prestigieuse collection d’objets ayant appartenu à l’empereur. Ben est décédé en 2008 et Joe, en 2013.