Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Porte ouverte sur l’espoir

Marie Laberge
Marie Laberge Photo Pierre-Paul Poulin
Partager
Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2021-10-31T04:00:00Z
Partager

La talentueuse Marie Laberge frappe fort cet automne avec son nouveau roman, Contrecoup. L’écrivaine à succès porte cette fois son regard, sa plume, toute sa sensibilité et sa compréhension de l’humanité sur une histoire où la violence et l’horreur ouvrent la porte à l’espoir. Avec brio, elle décrit les contrecoups du meurtre de trois femmes dans la famille des gens impliqués, tant du côté de l’assassin que des victimes.

Dès les premières pages, le lecteur comprendra que cette histoire ne sera pas simple. On apprend qu’un jeune homme a tué trois femmes, en apparence sous le motif qu’elles ont le tort d’être des femmes.

Leurs proches, en état de choc, brisés, malheureux, se débattent avec le deuil, la brutalité de la perte et l’énigme des causes derrière cette violence subite et incompréhensible.

La tuerie a des répercussions tant dans les familles des victimes que dans celle du tueur, notamment pour son frère jumeau, qui vit ce drame au plus profond de lui. Comment vont-ils tous surmonter le drame ?

Marie Laberge, en entrevue, explique ce qu’elle avait envie de partager dans ce livre coup de poing, qui parle de mort tragique, mais aussi d’amour, d’espoir et de reconstruction de soi. 

Publicité

Interrogation

En lisant au sujet du suicide d’une actrice norvégienne qui a survécu au tsunami qui avait dévasté la Thaïlande, Marie Laberge s’est demandé combien de gens mouraient à la suite d’une tragédie pour laquelle on comptait les morts sur le coup... mais pas des années plus tard.

« Je me suis demandé combien de gens meurent un peu de quelque chose où quelqu’un est mort. Le réflexe de la vie, c’est pas donné à tout le monde », dit-elle. Elle cite en exemple le triste anniversaire des attaques du 11 septembre, où près de 3000 personnes sont mortes dans les tours du World Trade Center, à New York. 

« Mais après, combien de gens autour sont morts ? Chaque personne contient tellement de liens... Pour chaque personne qui tombe, il y a tellement de gens autour, dans sa vie, dans sa famille, dans son intimité. Toutes sortes de drames, toutes sortes d’histoires. Je me suis dit : on ne se rend pas compte. On compte 3000 morts, mais il y en a peut-être eu 10 000. »

Jumeaux identiques

Dans le roman, l’assassin a un frère jumeau. Marie Laberge note qu’il y a souvent des jumeaux, dans ses livres. « C’est quelque chose qui m’a tout le temps fascinée. Mais c’est la première fois que je mets des jumeaux identiques. C’est le même ADN. Déjà, quand un être humain arrive dans la vingtaine, te forger, devenir la personne que tu dois être, ça prend beaucoup de courage. Mais quand il faut en plus te séparer de quelqu’un qui est comme toi, et quand l’autre ne supporte pas la séparation, c’est autre chose. »

Publicité

Il est question de violence à l’endroit des femmes dans Contrecoup. « Je pense qu’avant tout, ce n’est pas la haine des femmes, c’est le désir de contrôler les femmes. Pour moi, un féminicide, c’est un contrôle. Un contrôle absolu, définitif. C’est de la violence en maudit. Je ne sais pas si je comprendrai jamais pourquoi ou comment, mais j’y vois une espèce de facilité. »

L’écrivaine a choisi des sujets déchirants, des contrastes, des nuances, des émotions puissantes, et ce sont des sujets difficiles qui sont abordés. Mais elle garde une porte ouverte sur l’espoir et sur la résilience. 

« Beaucoup des personnages sont des êtres vivants riches. C’est pas de la fatalité, c’est pas juste du drame. C’est la force de l’amitié, la force des liens entre les gens et la résilience de certains personnages », ajoute-t-elle.  

  • Marie Laberge est écrivaine, dramaturge et metteuse en scène.  
  • Son œuvre maintes fois primée a conquis la francophonie.    

EXTRAIT  

Photo courtoisie
Photo courtoisie

« Mais Isabelle savait que la haine des femmes remontait à plus loin que les livres d’histoire pouvaient en témoigner — à la nuit des temps, probablement. C’était profond. 

La haine des femmes, elle l’avait affrontée si souvent qu’elle ne voyait pas comment elle pourrait jamais s’atténuer ou disparaître. Combien de fois avait-elle entendu le “grosse crisse de conne”, lancé dans son dos ? Combien de femmes sous terreur, anéanties par la perspective d’être tuées, blessées, écrasées sous les poings vengeurs avait-elle sorties de leur milieu mortifère... pour les voir y retourner par manque de solutions de rechange ? »

Publicité
Publicité