Port des signes religieux: il faut changer la conversation

Je viens de terminer ma première saison officielle comme agrotransformatrice. Nouvelle dans le club de celles qui fabriquent à manger à partir d’une toute petite graine mise en terre et des bouts de forêt récoltés à proximité.

Produire sa matière première, non mais quel défi.

Je n’ai pas tellement de comparable pour qualifier ma saison de bonne ou mauvaise, mais j’entends mes collègues être nostalgiques du temps où l’achat local avait la cote dans la bouche des politiciens.

Que voulez-vous, quand le PM te dit d’acheter local, ça influence ben du monde. Et ça paraît dans les finances des PME agricoles à la grandeur du territoire. Se faire choisir d’emblée, ça n’a rien à voir avec le fait de convaincre les consommateurs que nous en vallons la peine.

Non! Cet automne, pas de plaidoyer pour l’achat local. La conversation, les politiciens la voulaient sur le port des signes religieux. Ce grand game changer pour la société québécoise.

Manger des fruits d’Afrique du Sud en CPE, pas de soucis! Tant que celle qui te les sert ne porte pas de voile.

Quel fabuleux gaspillage pour le Québec.

Si ironique

Une fois par semaine, je donne des ateliers de cuisine à l’école de mes enfants.

La dernière fois, une aide à la classe s’est attardée à la fin du cours, pleine de curiosité. Elle voulait prendre le temps de humer l’essence de mélilot que nous avions utilisé pour remplacer la vanille dans la recette de biscuits. Elle avait plein de questions. Sur le mélilot, sur la farine moulue à la ferme. Sur où s’en acheter.

Elle m’a raconté que s’approvisionner localement, c’était vraiment important pour elle.

Elle portait le hijab.

En dedans, ça m’a grafignée solide.

Ce sont à des femmes comme elle que s’en prend la CAQ quand elle légifère sur l’interdiction du port de signes religieux dans nos services publics. Au diable leur contribution à la société québécoise et leur curiosité sincère qui leur vibre en dedans.