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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Populisme: l'accusation truquée

Gabriel Nadeau-Dubois
Gabriel Nadeau-Dubois Photo d’archives
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2022-05-07T09:00:00Z
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Qu’est-ce qu’un politicien populiste ? Doit-on rejeter sans plus d’analyse un politicien qui est défini comme populiste ? Et qui établit la définition de populiste ? Ce terme est galvaudé au possible au moment où les accusations de populisme fusent de toutes parts.

Dans le dictionnaire, le mot réfère à un discours politique qui s’adresse aux classes populaires et qui critique le système. C’est assez large comme approche politique et assez fréquemment utilisé, à gauche comme à droite.  

Au fond, si vous êtes en politique, vous avez besoin des votes de la masse des gens. S’adresser aux électeurs dans un langage simple et vulgarisé, aborder les sujets qui les touchent directement, c’est le jeu de base.

Éric Duhaime
Éric Duhaime Photo d’archives

Lorsque le populisme est dénoncé ces années-ci, on y inclut quelque chose de beaucoup plus pernicieux. Le populisme peut être synonyme de démagogie, de raccourcis intellectuels et même de fabrication de la vérité dans un dessein de manipuler la population.  

Le cas Trump

Donald Trump est dans mon esprit la personnification extrême de tous ces défauts qu’on associe au supposé populisme. Trump utilisait le mensonge comme arme de destruction massive et multipliait les simplifications extrêmes pour soulever les foules.  

Jagmeet Singh
Jagmeet Singh Photo d’archives

La fin de son mandat nous a rappelé pourquoi de tels leaders sont si dangereux. Parce qu’il ne gagnait pas les élections, Trump était prêt à détruire le système électoral de son pays, à discréditer les tribunaux et à enfreindre la Constitution. En somme, il était disposé à bousiller les institutions de son pays parce qu’il n’y croit pas vraiment. L’approche typique d’un idéologue narcissique. Quelqu’un de droite défendrait au contraire lesdites institutions.

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À droite seulement ?

Dans les médias, il s’est donc passé une chose curieuse : la définition de populisme a été détournée pour se limiter à attaquer seulement des politiciens à droite dans le spectre politique. À l’exception d’une poignée de politologues et analystes plus rigoureux, vous ne lirez rien à propos du populisme de gauche.

Maxime Bernier
Maxime Bernier Photo d’archives

Pourtant, les exemples de raccourcis intellectuels démagogiques ne manquent pas à gauche aussi. Un débat honnête sur le salaire minimum, ça va. Mais lorsque des politiciens de gauche font miroiter une hausse spectaculaire du salaire minimum, sans parler des conséquences sur l’économie ou l’inflation, attention. Faire miroiter un enrichissement miracle aux gens à bas revenu par une « solution » archi-simpliste, n’est-ce pas exactement du populisme ?

La gauche qui fait des discours sur les profits des banques pour soulever la colère des foules et les mobiliser pour la révolution. Populisme 101. En oubliant de mentionner que les employés syndiqués qu’ils défendent ont rempli leurs fonds de pension d’actions desdites banques. Pour assurer une retraite décente dont la même gauche réclame la paternité grâce à ses combats passés pour les fonds de pension.

En somme, lorsqu’un média ou un chroniqueur vous parle systématiquement du populisme de droite et jamais de celui de gauche, comprenez que le mot est galvaudé.  

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