Polycor: la CAQ essaie de ramasser les morceaux d’un autre pot cassé de Fitzgibbon
L'entreprise de pierre veut racheter les actions acquises pour 98 M$ par Québec en 2022

Gabriel Côté
L'entreprise de pierre naturelle Polycor devra payer une pénalité de 10 millions $ pour avoir fermé son usine de Rivière-à-Pierre, dans Portneuf, trois ans après avoir reçu 98 millions $ du gouvernement Legault.
• À lire aussi: Les pots cassés de Fitzgibbon pourraient nous coûter 2 milliards $
• À lire aussi: Les pots cassés de Fitzgibbon: 12 projets d’aide aux entreprises qui risquent de nous coûter cher
• À lire aussi: LeddarTech en faillite et des millions de dollars en fonds publics engloutis
La petite municipalité de 600 âmes, connue comme la «capitale du granit», n’a toujours pas digéré la fermeture des installations de Polycor en décembre, qui a entraîné la perte de 51 emplois.
Dans l’espoir d’apaiser les esprits, peut-être, le député caquiste Vincent Caron s’est rendu sur place plus tôt cette semaine afin de jeter quelques pierres à l’entreprise, comme l’a rapporté Le Courrier de Portneuf.
Dans un point de presse devant l’ancienne usine, M. Caron s’est dit «en colère» de la décision de Polycor de mettre la clé sous la porte. «Je me disais que cela ne se pouvait pas qu’au printemps 2022 notre gouvernement ait appuyé à hauteur de 100 millions $ l’entreprise», a dit l’élu, selon le journal.

D'après le député, une analyse des ententes entre Québec et Polycor a révélé que certains paramètres n’ont pas été respectés. «Je n’ai pas le fin détail, mais je sais que l’on a eu assez de leviers pour imposer une pénalité [dans les] huit chiffres», a-t-il déclaré.
«L’autre bonne nouvelle, c’est que Polycor a été fâché de recevoir cette pénalité. Donc, Polycor vient de racheter l’ensemble des actions qui avaient été achetées par le gouvernement. C’est aussi une petite vengeance au nom des 51 employés de Polycor, ici à Rivière-à-Pierre», a ajouté M. Caron.
Embarras
Dans les derniers jours, Le Journal a demandé un entretien au député de Portneuf, sans succès. «Le député a parlé à son média local, pour un média comme vous, le cabinet va gérer la demande», nous a-t-on expliqué.
Après moult tergiversations, le cabinet de la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, a fini par confirmer au Journal que «le processus de rachat de la totalité de l’actionnariat détenu par le gouvernement du Québec et Investissement Québec [IQ] est en cours», en notant que les «négociations en cours» sont «de nature confidentielle».
«Le gouvernement du Québec et Investissement Québec travaillent à faire respecter l’entente, incluant le paiement de toutes [les] pénalités s’il y a lieu», a précisé le cabinet de la ministre Fréchette.
Polycor contredit le député
Appelée à réagir, l’entreprise a dit «regretter» que les déclarations de Vincent Caron dans Le Courrier de Portneuf «contiennent de nombreuses inexactitudes», sans toutefois préciser lesquelles.
Dans un courriel, le président exécutif de Polycor, Brian McManus, a ajouté que la décision de procéder à la «consolidation des usines» en octobre 2024 avait «été motivée par la nécessité d’assurer la compétitivité à long terme de l’entreprise».
«Les changements apportés à nos opérations ont été communiqués à notre conseil d’administration et à nos actionnaires bien avant que la décision de les mettre en œuvre ne soit prise», a-t-il fait valoir. Notons que le gouvernement demeure actionnaire, pour l'instant, de Polycor.
La saga Polycor
En mai 2022, le gouvernement Legault a investi 98 millions $ dans Polycor, soit 60 millions $ sous forme d’actions privilégiées et 38 millions $ en actions ordinaires.

À l’époque, cette décision avait suscité de nombreuses critiques à cause de la proximité entre l’ex-ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, et un lobbyiste de l’entreprise, Luc Laperrière, amis de longue date.
M. Laperrière avait présenté en 2019 un projet de carrière de quartz de Polycor à M. Fitzgibbon. Quelques mois plus tard, en octobre 2020, la commissaire à l’éthique avait conclu que le ministre s’était placé dans une situation où son amitié avec Luc Laperrière pouvait «influencer son indépendance de jugement».
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.