Les politiciens à risque sur les réseaux sociaux
Ils doivent y être actifs, mais à leurs risques et périls, selon des experts


Francis Pilon
Des experts estiment que les politiciens n’ont plus le choix d’être actifs sur les réseaux sociaux pour conquérir les Québécois, même s’ils se mettent souvent en danger sur ces plateformes depuis près d’une décennie.
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Le Journal a révélé cette semaine que la ministre des Transports Geneviève Guilbault s’est mis les pieds dans les plats. Sur au moins cinq photos d’elle publiées sur Instagram et sur Facebook, l’élue ne porte pas de ceinture de sécurité en voiture. Face au tollé, la ministre est même sortie dans les médias pour s’excuser.
«Quand j’ai vu l’histoire sur Mme Guilbault, je me suis rappelé que nos politiciens se servent des réseaux sociaux depuis 2007 ou 2008. Force est de constater toutefois qu’on n’est pas à l’abri de créer une controverse, même si on utilise ces outils depuis longtemps», explique Philippe Dubois.
Ce professeur en communication politique à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) rappelle qu’un des premiers scandales du genre remonte à 2013. À l’époque, une vidéo d’un candidat aux élections municipales dans l’équipe du maire de Québec, Régis Labeaume, avait fait scandale sur internet.
On y voyait Laurent Proulx sur un «trois-skis» tiré par une voiture dans les rues enneigées de Drummondville.
«On a beau faire le ménage de nos médias sociaux, ça rattrape parfois les candidats, prévient M. Dubois. Les générations qui nous suivent sont davantage présentes sur le numérique et partagent encore plus de contenus sur la toile, donc c’est sûr qu’il n’y aura pas de fin à ces scandales.»
Couteau à double tranchant
Emmanuel Choquette, professeur de communication stratégique à l’Université de Sherbrooke, est d’avis que les réseaux sociaux peuvent être un terrain miné pour les politiciens.
«Toutefois, ce sont des opportunités extraordinaires pour les politiciens de faire part de leur message directement et presque sans le filtre des journalistes. Ils peuvent annoncer une nouvelle, avant que les médias traditionnels la reprennent. Ils dirigent le message, c’est un gros avantage», note M. Choquette.
Il ajoute que publier sur les réseaux sociaux demande moins d’argent et moins d’effort à des politiciens, en comparaison à l’époque où ils devaient organiser des conférences de presse pour réaliser une annonce.
«Ils peuvent partager leurs bons coups, mais ils s’exposent à plus de haine du public aussi. Avec les caméras sur nos téléphones et le fait qu’on est toujours connectés, ils ont bien plus de chance de glisser aujourd’hui et de commettre des erreurs», nuance Emmanuel Choquette.
Plusieurs dangers
Philippe Dubois, expert en marketing public et politique, est convaincu que les politiciens doivent être sur les médias sociaux pour rejoindre la population dorénavant.
«Ne pas être présent sur les réseaux sociaux quand on est un élu, c’est un risque en soi. Dans tous les cas, le public ou les autres organisations vont parler de vous sur internet, même si vous êtes inactifs», observe le chercheur.
Selon lui, l’autre danger pour un politicien, c’est lorsqu’il crée un «trop grand écart» entre le contenu diffusé sur ses comptes en ligne et «ce à quoi on s’attend de sa profession». Il donne ici l’exemple de la ministre des Transports qui ne porte pas sa ceinture sur des photos diffusées sur Instagram.
«L’autre erreur, c’est essayer de trop en faire, sans avoir de véritables stratégies. Ça peut mener à des controverses. Mais parfois, même les scandales sont payants: on n'a qu’à se fier à la campagne de Donald Trump aux États-Unis», conclut M. Dubois.
- Avec la collaboration de Nicolas St-Pierre
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