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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Policiers de Val-d’Or c. Radio-Canada: «Toutes les vérifications nécessaires ont été faites», insiste la société d’État

Le juge a l’impression de se livrer à une «révision judiciaire, mais dans un contexte journalistique»

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Laurent Lavoie

2024-05-06T21:32:29Z
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Radio-Canada persiste et signe: sa journaliste de l’émission Enquête a effectué le travail nécessaire avant de diffuser les témoignages des femmes autochtones qui étaient au cœur d’un reportage visant des policiers de Val-d’Or, eux qui réclament près de 3 M$ à la société d’État.

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«Toutes les vérifications nécessaires ont été faites», a martelé Me Geneviève Gagnon, lundi, au palais de justice de Montréal.

«Les normes [journalistiques], selon nous, elles ont complètement été rencontrées, respectées», a-t-elle souligné.

Me Geneviève Gagnon, avocate de Radio-Canada, le 7 février 2024 au palais de justice de Montréal, dans le cadre du procès civil en diffamation de 42 policiers de Val-d’Or qui réclament 2,9 M$ à Radio-Canada, en lien avec un reportage de l’émission «Enquête» paru en 2015. PHOTO MICHAËL NGUYEN
Me Geneviève Gagnon, avocate de Radio-Canada, le 7 février 2024 au palais de justice de Montréal, dans le cadre du procès civil en diffamation de 42 policiers de Val-d’Or qui réclament 2,9 M$ à Radio-Canada, en lien avec un reportage de l’émission «Enquête» paru en 2015. PHOTO MICHAËL NGUYEN Photo Michaël Nguyen

L’avocate, qui représente la société d’État, a lancé ses plaidoiries finales au procès civil intenté par 42 policiers de Val-d’Or, en Abitibi, en lien avec un reportage de l’émission Enquête diffusé en 2015.

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Dans Abus de la SQ: des femmes brisent le silence, la journaliste Josée Dupuis s’entretenait avec des femmes autochtones de Val-d’Or, qui affirmaient avoir été victimes de violences physiques et sexuelles de la part de policiers.

Cette enquête avait causé une onde de choc, contribuant à la création de la commission Viens sur les relations entre les Autochtones et les services publics.

Rumeurs

Bien que des rumeurs circulaient sur le sujet, les informations diffusées par Radio-Canada sont fausses, avait plaidé Me Marco Gaggino, qui représente les policiers dans ce dossier.

Quant aux prétentions de Radio-Canada voulant que le reportage ait été d’un intérêt public «incontestable», l’avocat avait rétorqué que «la fin ne justifie pas les moyens».

Me Dominique Goudreault (gauche) et Me Marco Gaggino, au palais de justice de Montréal, le 6 mai 2024.
Me Dominique Goudreault (gauche) et Me Marco Gaggino, au palais de justice de Montréal, le 6 mai 2024. Photo Laurent Lavoie

Son collègue Me Dominique Goudreault a ajouté lundi que les injustices vécues dans le passé par les femmes autochtones n’étaient pas mises en doute dans ce dossier.

Toutefois, «la réparation des torts historiques causés aux peuples autochtones ne disculpe pas Radio-Canada de salir des policiers qui sont innocents», a-t-il résumé.

Crise dévoilée

Le reportage du diffuseur public n’a pas créé de «crise» chez les policiers de Val-d’Or, mais en a plutôt dévoilé une, a répliqué Me Geneviève Gagnon, rappelant au passage les multiples démarches de Josée Dupuis.

«Quand on regarde combien il y a eu de plaintes déposées au SPVM à la suite de la diffusion du reportage, il y [en] avait 38», a-t-elle indiqué.

Me Gagnon a également plaidé qu’une enquête journalistique entraîne, généralement, des répercussions pour les personnes qu’elle concerne.

«On ne va pas se mettre la tête dans le sable, a-t-elle dit. C’est sûr qu’il va y avoir un impact.»

Aux extrêmes

Plus tôt dans le procès, deux experts avaient livré des analyses diamétralement opposées du reportage.

Aux yeux de Marc-François Bernier, Radio-Canada avait fait preuve de «sensationnalisme» et induisait le public en erreur.

Gilbert Lavoie avait pour sa part louangé la journaliste pour avoir réussi à créer un tel contact avec les femmes autochtones.

«Je suis en train d’analyser les normes d’exactitude, a convenu, lundi, le juge Babak Barin. C’est quasiment un exercice de révision judiciaire, mais dans un contexte journalistique.»

Les plaidoiries se poursuivent mardi matin.

– Avec Michaël Nguyen

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