Policière tuée à Louiseville: les proches du suspect avaient appelé les forces de l'ordre quelques jours avant
Les audiences publiques de l'enquête du coroner ont débuté au palais de justice de Trois-Rivières.

Laurent Lavoie
Les parents de l’homme qui a poignardé mortellement une policière en Mauricie en mars dernier avaient interpellé les forces de l'ordre à peine quelques jours avant le drame, a-t-on relaté au début des audiences publiques du coroner lundi.
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«Moi j’ai un fils, pis je pense qu’il va pas ben.»
C’est ce qu’avait laissé tomber calmement Serge Brouillard, le père d’Isaac Brouillard Lessard, lors d’un appel au 811, le 24 mars 2023.
Trois jours plus tard, son fils a commis l’irréparable et a tué une policière en service qui venait procéder à son arrestation.
La désolante conversation de l’appel à l’aide du père a été diffusée à l’ouverture de l’enquête publique du coroner sur la mort de la sergente à la Sûreté du Québec, Maureen Breau, et de son assaillant, à Louiseville, le 27 mars 2023.
Brouillard Lessard, 35 ans, avait été abattu par les collègues de la policière de 42 ans.

Me Géhane Kamel, désignée pour présider les audiences au cours des prochaines semaines au palais de justice de Trois-Rivières, a souligné que l’appel de Serge Brouillard était «particulièrement éloquent».
«Les premiers qui sont au front sont les parents. Ces parents-là en ont porté beaucoup sur leurs épaules», a indiqué Me Kamel, qui avait aussi mentionné «la très grande charge émotive associée à cette tragédie».

Psychose
Ils s'étaient tournés vers les autorités de crainte que leur fils soit en psychose, a expliqué l’enquêteur du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), Patrick Michaud, lundi. Ils avaient reçu plusieurs messages troublants de sa part.
Les policiers, qui déjà avaient désigné le défunt comme une «personne dangereuse», étaient ainsi allés à la rencontre du trentenaire.
Ils n’ont toutefois pas craint pour sa sécurité ni celle des autres.
«Leur constat, c’est qu’il est calme, résume l’enquêteur Michaud. Il reconnaît être en colère contre sa famille, [...] il leur explique qu’il a été agressé sexuellement, que sa famille est membre d’une secte, qu’il prend ses médicaments.»

Un cri
Or, trois jours plus tard, Maureen Breau a été appelée à se rendre chez Isaac Brouillard Lessard avec trois autres policiers.
Le suspect avait laissé un message menaçant à son oncle, et les autorités désiraient procéder à son arrestation.
En apprenant cette nouvelle, «Isaac va pousser un genre de cri et va prendre quelque chose en arrière de la porte, qui va être un couteau», a rapporté en détail l’enquêteur Patrick Michaud.

En pleine confrontation à la porte du petit logement du suspect, le policier William Berrouard a été poignardé à la tête et a subi une fracture du crâne.
La sergente Breau a alors grimpé les marches d’un escalier où elle était campée. Atteinte au cou et à la tête par son assaillant, elle a «poussé un cri effroyable».
Brouillard Lessard, qui avait fait l’objet dans le passé de cinq verdicts de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux, a ensuite été ciblé par près d’une vingtaine de coups de feu provenant de deux policiers.

La fusillade a laissé derrière elle pas moins de 19 douilles et 5 projectiles, a dévoilé l’enquêteur Patrick Michaud.
Une épée de style katana, une hachette et un poignard ont aussi été découverts et remis aux autorités.
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