Poilievre responsable de la victoire des libéraux


Loïc Tassé
À entendre les dirigeants conservateurs, ce sont pratiquement eux qui ont gagné les élections de lundi.
Les conservateurs auraient dû remporter ces élections. S’ils n’y sont pas parvenus, c’est parce que leur chef, Pierre Poilievre, ne faisait pas le poids face à Mark Carney.
Tant que Poilievre devait affronter Justin Trudeau, la partie était facile.
Dans la période de tumultes politiques provoqués par Donald Trump, les électeurs ont choisi la personne qu’ils trouvaient la plus compétente.
Le CV de Poilievre, qui ne possède pas même l’équivalent d’une première année d’étude universitaire au Québec, illustre le problème.
Poilievre ne possède ni profondeur ni perspective dans les sujets qu’il traite.
Non pas qu’il soit inintelligent. Cependant dans le monde actuel, ses connaissances sont trop faibles pour qu’il puisse espérer être écouté et entendu par des dirigeants d’autres pays qui, eux, détiennent souvent un vaste bagage culturel, notamment en politique internationale et en économie.
Poilievre aurait pu remédier au problème en s’entourant d’une belle équipe de gens très éduqués qui l’auraient conseillé. Il aurait pu donner l’impression d’être à l’aise parmi eux.
Mais non, Poilievre a choisi de faire cavalier seul, sans présenter d’équipe, sans déléguer de pouvoirs.
Inexcusable
Le roitelet n’a donc pas réussi à remporter les élections. Plus grave, et même inexcusable, il a chuté de 25% dans les intentions de vote.
Des bonzes du parti tentent de le défendre en expliquant que le Parti conservateur a gagné 7% de votes par rapport à la dernière élection.
Cependant le Parli libéral a obtenu près de 10% de votes supplémentaires en comparaison à 2021.
Dans la grande partie mondiale qui s’engage face à Donald Trump, les électeurs ont jugé que Poilievre était moins compétent que Carney.
Trump et Poilievre
Les malheurs de Poilievre ne s’arrêtent pas ici. Poilievre est en effet très identifié aux politiques de Trump.
Or, à moins d’un miracle, les politiques trumpistes continueront à produire des résultats catastrophiques dans divers domaines.
Poilievre, qui ne parvient pas à se distancer significativement des politiques de Trump, risque de devenir encore plus impopulaire dans les intentions de vote.
Le pire est à venir
Mais Poilievre n’a encore rien vu. Pour peu que Carney se démarque de Trudeau sur l’immigration et sur les politiques de diversité, d’égalité et d’inclusion, et pour autant qu’il parvienne à montrer une certaine compétence, notamment en économie, les carottes conservatrices sont cuites.
La meilleure chance des conservateurs consiste à convaincre l’aile populiste albertaine du parti de laisser quelqu’un de plus fort que Poilievre diriger les conservateurs. Quelqu’un de plus éduqué qui camperait davantage au centre de l’échiquier politique.
Mais Poilievre s’accroche au pouvoir.
Trump ou possiblement son successeur pourraient encore diriger les États-Unis lors de la prochaine élection au Canada. Poilievre devrait alors affronter les mêmes obstacles. Avec bien entendu les mêmes résultats.