Poilievre propose un «corridor énergétique national» pour faire passer des pipelines sans obstructions

Jean-Philippe Guilbault
Le chef conservateur Pierre Poilievre promet d’instaurer un corridor énergétique pancanadien préapprouvé par Ottawa et les provinces afin d’accélérer les projets de pipeline, de gazoduc et d’électricité.
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M. Poilievre en a fait l’annonce officielle lundi matin, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, s’inspirant des grands projets canadiens tels que la voie maritime du Saint-Laurent ou le chemin de fer transcanadien.
Ce corridor, selon le Parti conservateur du Canada, permettra d’accélérer la mise en chantier de projets énergétiques au pays et de «faire face aux États-Unis».
Une proposition similaire à celle du Parti libéral du Canada, dont le chef, Mark Carney, a aussi confirmé vouloir développer un tel projet. Le premier ministre sortant avait évoqué l’idée à l’aube de la campagne électorale, en marge d’une rencontre avec les premiers ministres provinciaux.
Au moment de l’annonce, il n’était toutefois pas clair où allait passer ledit corridor préapprouvé proposé par M. Poilievre.
«Les Premières Nations seront impliquées dès le début, afin de s’assurer que les bénéfices économiques leur reviennent directement et que leur approbation soit obtenue avant que toute dépense ne soit engagée», précise-t-on toutefois par voie de communiqué.
Les menaces tarifaires américaines, notamment sur les importations énergétiques, ont remis à l’avant-scène de la campagne électorale des projets d’oléoduc comme celui d’Énergie Est. Le projet avait été abandonné en 2017 par l’entreprise TransCanada en raison des normes environnementales trop élevées à respecter.
«Si Énergie Est était en vigueur aujourd’hui, on pourrait passer un million de barils de pétrole par jour ici à Saint-Jean, a fait valoir Pierre Poilievre en conférence de presse. On pourrait les vendre en Europe avec le double bénéfice de contourner les États-Unis et de définancer [l’effort de guerre du président russe] Vladimir Poutine.»
Le chef conservateur a minimisé l’enjeu de l’acceptabilité sociale au Québec pour les projets d’oléoduc. Selon lui, la situation actuelle n’a pas non plus l’appui des Québécois.
«Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour le statu quo, a lancé M. Poilievre. Je n’ai pas vu d’approbation ou de vote à l’Assemblée nationale pour importer notre énergie des États-Unis.»
En 2019, Andrew Scheer, alors à la tête du Parti conservateur du Canada, proposait également un corridor énergétique pour amener le pétrole de l’ouest à l’est et pour que le Québec puisse exporter son hydroélectricité plus facilement dans le reste du Canada.
Le Bloc Québécois se positionne fermement contre tous projets d’oléoduc passant par le Québec, arguant que leurs retombées économiques «négatives» ne surpassent pas le coût environnemental.