Sondage Léger au Québec: Pierre Poilievre progresse... mais fait encore peur

Guillaume St-Pierre
OTTAWA | Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre continue sa lente progression au Québec malgré l’inquiétude de nombreux électeurs qui redoutent encore son accession au poste de premier ministre.
À 26% dans les intentions de vote, M. Poilievre «entre dans une zone payante» qu’aucun de ses récents prédécesseurs conservateurs n’a jamais atteinte, selon le sondeur Jean-Marc Léger.
«Stephen Harper n’a jamais obtenu 26% de votes au Québec aux élections ni dans les sondages», indique M. Léger. «Pierre Poilievre fait un peu mieux que les autres.»
De façon étonnante, c’est notamment grâce à sa popularité chez les non-francophones que le Parti conservateur grimpe de deux points de pourcentage depuis le dernier coup de sonde (voir autre texte), selon M. Léger.
Ainsi, les conservateurs de Pierre Poilievre arrivent ex æquo avec le Parti libéral de Justin Trudeau, dont l’étoile continue de pâlir dans la seule province où les conservateurs ne trônent pas au sommet.
Au Québec, c’est plutôt le Bloc Québécois qui mène la parade avec 31% des intentions de vote. Ses appuis sont toutefois «fragiles», selon M. Léger qui note que le parti a perdu 4 points de pourcentage depuis le mois d’avril.
Les Québécois sont toutefois nombreux à juger que sa présence à Ottawa est pertinente, à 47%.
Résistance
Il n’en demeure pas moins que les Québécois restent sceptiques à l’égard du chef conservateur.
Les sondés sont plus nombreux (44%) à craindre une victoire de Pierre Poilievre que de voir Justin Trudeau remporter un 4e mandat (34%) au prochain scrutin.
«Pierre Poilievre fait encore peur», analyse M. Léger. «Il n’a pas réussi à convaincre, autant chez les francophones que chez les anglophones. Il y a encore une résistance.»
M. Léger soupçonne qu’un effet d’entraînement pourrait s’enclencher au Québec à cause de la popularité du chef conservateur dans le reste du pays.
Or, ce «potentiel» de croissance dans la province atteindra un plafond, «justement parce qu’il fait peur».
M. Léger croit que cette «inquiétude» ressentie par une bonne partie de la population envers les leaders libéraux et conservateurs est propice à une campagne électorale qui risque d’être «négative», puisque les arguments «négatifs portent de part et d’autre».
Arc-en-ciel
La poussée conservatrice risque de provoquer des courses à deux dans un Québec «arc-en-ciel», signale M. Léger.
Le Parti libéral domine Montréal, le Parti conservateur la région de Québec (46%) et le Bloc Québécois ailleurs dans la province.
«Il n’y aura pas beaucoup de comtés où il y a des luttes à trois», prédit-il. «Il y a vraiment trois Québec.»
Comme Trump?
Alors que les adversaires de Pierre Poilievre tentent de l’associer à Donald Trump, le coup de sonde indique que la moitié des Québécois croient que le chef conservateur ferait un chef de gouvernement «semblable» (36%) ou «pire» (14%) que l’ex-président américain.
La comparaison entre les deux leaders «a une certaine valeur» pour les adversaires de M. Poilievre, selon M. Léger. Le sondeur estime toutefois que les préoccupations plus matérielles comme l’inflation et le logement demeurent des facteurs de mobilisation plus importants auprès de l’électorat.
MÉTHODOLOGIE: sondage web réalisé du 31 mai au 3 juin 2024. auprès de 1015 Québécois-es âgé-e-s de 18 ou plus, à l’aide du panel en ligne de LEO. À titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1015 répondant-es est de ± 3,08%, et ce, 19 fois sur 20.