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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Poilievre n’a que quelques jours pour dissiper ce doute dévastateur

Photo AFP
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-04-14T04:00:00Z
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Il trônait en tête des sondages, ses partisans le voyaient déjà à la résidence du 24 Sussex, et pourtant, un malaise persiste. Pierre Poilievre a peut-être été le chef d’opposition le plus proche du pouvoir depuis une génération, mais il traîne encore derrière lui un soupçon d’inquiétude. Un doute. Non pas sur sa volonté de gagner, mais sur sa capacité à gouverner.

À ce stade de la campagne, les débats télévisés deviennent révélateurs. Ils n’élisent personne, mais ils exposent les limites. Pour Mark Carney, ce sera l’épreuve du feu – surtout en français.

L’homme sans équipe

Pour Poilievre, c’est le test de la maturité. Peut-il incarner autre chose qu’un tribun acide? Peut-il dépasser les slogans, montrer qu’il dirige une équipe prête à gouverner, pas seulement une croisade idéologique?

Depuis deux ans, il a monopolisé l’attention. Il a dénoncé, ridiculisé, polarisé. Mais pendant qu’il tenait le micro, personne ne voyait qui était derrière lui. Où est l’équipe? Où sont les esprits solides, les figures rassurantes, les ministres en devenir? À force de tout recentrer sur lui-même, Poilievre a oublié de bâtir ce qui fait la crédibilité d’un futur gouvernement: un entourage compétent et cohérent.

Un risque assumé?

Ce n’est pas seulement une question d’image. C’est une faille réelle. Le pays sort affaibli d’un cycle libéral de plus en plus usé, mais il ne veut pas sauter dans le vide pour autant. Le rejet de Justin Trudeau ne suffit pas à transformer Poilievre en homme d’État.

Dans ce flou, les électeurs entrevoient le risque: un chef qui pourrait diriger comme il a fait campagne, dans la provocation permanente, l’hostilité envers les institutions et le court-termisme partisan. Gouverner, ce n’est pas animer un spectacle.

Il reste du temps, mais de moins en moins d’occasions. Si Poilievre veut convaincre au-delà de sa base, c’est maintenant. Sinon, le doute fera son œuvre. Et il est impitoyable.

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