PME inc.: il restaure le mobilier du parlement avec des lasers

Gabriel Côté
Un ébéniste de Québec amoureux du patrimoine utilise une technologie au laser pour restaurer le mobilier antique de l’Assemblée nationale.
Il faut mettre des lunettes avant de passer la porte de la petite pièce qui sert au décapage dans l’atelier d’Artebois, à Québec.
À l’intérieur, des ébénistes utilisent un laser pour travailler sur le bois du vieux mobilier de l’Assemblée nationale, dont ils ont le mandat de restaurer quelques dizaines de pièces servant lors des commissions parlementaires au salon rouge.

«C’est juste de la lumière, mais c’est très fort, alors il faut se protéger. Mais ça n’a rien à voir avec tout ce qu’il faut gérer avec le décapage traditionnel», explique le co-propriétaire de l’atelier, Christian Faucher.
«Habituellement, on travaille avec des décapants chimiques, et on génère beaucoup de déchets et des vapeurs qui sont nocives. Ce n’est pas une façon de faire extraordinaire, mais c’est comme ça qu’on procède depuis longtemps dans le milieu», poursuit-il.
Cette méthode n’aurait de toute façon pas pu être employée pour le mobilier du parlement. Selon M. Faucher, le vernis qui a été appliqué dans les années 80 est extrêmement difficile à décaper, si bien que le temps de travail aurait été «sept à dix fois plus long» sans utiliser les lasers.
«On doit être dans les premiers à utiliser cette technologie», dit l’ébéniste. «C’était davantage utilisé dans l’univers du métal pour enlever la rouille, ou encore pour désinfecter dans le milieu pharmaceutique. Dans le domaine du bois, on a trouvé un artisan en Europe qui travaillait avec les lasers, mais à peu près personne n’utilise ça.»
Patrimoine
Passionné de patrimoine, Christian Faucher est fier d’avoir l’occasion de travailler à la restauration des meubles de l’Assemblée nationale, une tâche à laquelle il s’affairera presque à temps plein avec deux autres ébénistes de son atelier jusqu’en décembre prochain.

«C’est trippant, c’est super chargé d’histoire. On peut se raconter toutes sortes d’histoires sur ce mobilier-là en travaillant. Quand tu trouves une gomme en dessous d’un plateau, là tu te dis: à qui appartenait-elle?» rigole-t-il.
«Mais comme restaurateur, c’est l’objet que je veux mettre de l’avant. C’est surtout ça qui est important. On doit protéger le patrimoine, y faire attention», ajoute l’ébéniste.
Tradition
Pour la petite histoire, en 2022, M. Faucher a repris l’atelier-école Artebois, qui existe depuis 2006.
«Le fondateur, Pierre Pagé, a été mon professeur au cégep. J’ai pris sa place au cégep quand il a fondé Artebois, et j’ai enseigné à Félix, qui est aujourd’hui co-propriétaire avec moi», raconte-t-il.
«Quand Pierre a voulu prendre sa retraite, il m’a appelé pour me demander si ça m’intéressait de reprendre l’entreprise, alors j’ai fait le saut», se souvient M. Faucher.