Après avoir vendu une application à Apple pour 100 M$ US, il se lance dans la fabrication de vélos

Gabriel Côté
Le fondateur d’une fintech montréalaise vendue pour 100 millions $ US à Apple en 2020 se lance dans la fabrication de vélos haut de gamme... et recyclables.
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«Idéalement, on voudrait dire aux clients: ce vélo sera le dernier de toute ta vie, et tu pourras le transmettre à tes enfants», rêve le fondateur de vélos Baumier, Benjamin du Haÿs, au cours d'un entretien avec Le Journal.
La route vers la réalisation de ce projet est encore longue, toutefois, alors que l’entreprise en est à ses balbutiements.
«Baumier, c’est un peu comme un bébé, et tu ne demandes pas à un bébé de courir un marathon en deux heures, ce n’est juste pas possible», explique l’entrepreneur d’endurance, qui est également derrière l’application de paiement Mobeewave, vendue à Apple pour 100 M$ US en 2020.
«Aujourd’hui, cet état d’esprit est très rare, et les entreprises essaient d’injecter des millions de dollars rapidement pour faire accélérer des développements, des mises en marché et tout ça. Dans les dernières années, ça a mené à des écroulements et des faillites dans l’industrie du cyclisme», songe M. du Haÿs.
Éloge de la lenteur
Pour éviter ce triste destin, Baumier mise sur une approche radicalement différente. «On va aller lentement», pose prosaïquement le fondateur de la compagnie, qui dit vouloir s’inspirer du parcours d’entreprises comme Patagonia ou même Tesla.

«Avant que ce soit un empire, le fondateur de Patagonia, Yvon Chouinard, a longtemps fait des mousquetons dans son jardin», illustre Benjamin du Haÿs.
Dans le même esprit, Baumier a commencé par des investissements modestes «d’environ deux millions de dollars» et par la fabrication de roues. Quatre modèles viennent d’ailleurs tout juste d’être commercialisés.
«Le plus local possible»
La petite entreprise d’une dizaine d’employés espère également fabriquer des vélos et des roues «le plus localement possible», une tâche difficile, presque donquichottesque, dans l’état actuel de l’industrie. Les cadres en carbone sont généralement fabriqués en Asie, de même que les groupes de changement de vitesse.
«Si je faisais aujourd’hui des groupes de changement de vitesse, personne n’en achèterait. On a 80 ans de retard sur Shimano», illustre Benjamin du Haÿs. «Mais est-ce que dans 20 ans, on aura eu la capacité de développer notre propre système de transmission? C’est le genre de pari qu’on veut se lancer.»
En parallèle, Baumier planche également sur une façon de recycler les cadres de vélos endommagés, pour réduire au possible l’impact de ses activités sur l’environnement.
«Quand un cadre en carbone est brisé, il est jeté à la poubelle, puis enfoui dans le sol. Puis ça prend des centaines d’années avant de se décomposer. C’est une catastrophe environnementale», dit M. du Haÿs. «Moi, je veux trouver le moyen de réutiliser les fibres de carbone pour éviter ça.»