Devenue «trop chère»: bon nombre de snowbirds désertent la Floride
La destination perd en popularité auprès des snowbirds québécois
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Elisa Cloutier
2024-01-13T05:00:00Z
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Devenue «trop chère», la Floride, destination qui a longtemps été «naturelle» pour des milliers de snowbirds, est désormais délaissée par bon nombre d’entre eux.
Prix des logements qui ont doublé, voire triplé par endroits, factures salées au restaurant ou au golf, nouvelle législation entourant la gestion de condos, mais surtout, taux de change désavantageux: les raisons économiques évoquées par plusieurs snowbirds ayant récemment déserté la Floride sont nombreuses.
Illustration Journal de Montréal
En République dominicaine, Le Journal a d’ailleurs rencontré de nombreux Québécois, qui s’apprêtaient à passer leur premier ou deuxième hiver sous le soleil dominicain, après avoir hiverné pendant cinq, dix ou même quinze ans dans le Sunshine State.
«On a toujours loué en Floride, à Fort Lauderdale, mais les prix ont tellement augmenté là-bas. Ça a carrément doublé», décrit Pierre Dufort, 64 ans, qui se rend désormais à Punta Cana pour y jouer au golf, avec sa conjointe, Julie Verreault.
Originaires de Drummondville, Julie Verreault et son conjoint, Pierre Dufort, ont récemment décidé de quitter la Floride en hiver. Ils se rendent maintenant à Punta Cana, notamment en raison du coût de la vie qui y est moins élevé.Photo fournie par Julie Verreault
Coût de la vie en République Dominicaine comparé à la Floride
En dollars canadiens
Loyer mensuel pour un logement à distance à pied de la mer, comprenant une chambre :
🇩🇴 République Dominicaine : 1230 à 2050 $
🇺🇸 Floride : 4090 à 6800 $
Une bière au restaurant :
🇩🇴 République Dominicaine : 4 $
🇺🇸 Floride : 10 $
Deux repas et deux verres de vin au restaurant :
🇩🇴 République Dominicaine : 60 $
🇺🇸 Floride : 130 $
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Hausses post-pandémie
Pendant la pandémie, des snowbirds ont «paniqué» et plusieurs ont décidé de vendre leur propriété, raconte la notaire Christine Marchand, qui travaille avec les Québécois depuis 1990. «Ils se disaient qu’ils allaient revenir en louant, mais les prix de location, ça a augmenté énormément, et ils ne peuvent plus acheter non plus et vont ailleurs», explique-t-elle.
« C'est une tendance à la hausse que l'on observe »
- Stephen Fine, président de Snowbird Advisor, une référence en ligne pour les snowbirds canadiens
Photo FOURNIE PAR STEPHEN FINE
Pour expliquer ces hausses, le président de Snowbird Advisor, Stephen Fine, affirme entre autres que plusieurs Américains qui vivaient au nord, on choisit de venir s’installer en Floride pour y vivre et y travailler à distance, faisant ainsi considérablement monter les prix des logements.
Nouvelle loi qui coûte cher
Qui plus est, une nouvelle loi entourant la gestion d’immeubles à condos a aussi déjà commencé à décourager certains propriétaires, qui ont décidé de vendre.
Écoutez l'entrevue avec Elisa Cloutier, journaliste au Journal de Québec et une des récipiendaires de la Bourse QMI à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :
Le Condominium Act, qui entre officiellement en vigueur à la fin de l’année 2024, impose notamment aux propriétaires d’immeubles de plus de 40 ans ayant trois étages ou plus de mettre de l’argent de côté dans un fonds de prévoyance, devenu obligatoire.
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«Il y aura beaucoup de cotisations spéciales et beaucoup d’augmentation dans les frais par mois, pour un condo. De plus, les assurances commerciales ont déjà commencé à augmenter», précise Andy Mandel, agent immobilier pour Remax, à Coral Srings.
70K$ contre 1,5M$
En raison du Condominium Act, un fond de réserve minimum nécessaire est passé de 70 000 dollars à 1,5 millions de dollars.
C’est d’ailleurs précisément en raison de cette nouvelle loi, que Denis Turgeon a récemment décidé de vendre son condo, après avoir séjourné en Floride pendant une vingtaine d’hivers. Leur fonds de réserve, auparavant de près de 70 000$, a été fixé à 1,5M$ pour respecter cette nouvelle législation.
Armes à feu
La sécurité pousse aussi les Québécois à quitter la Floride, alors qu'il est désormais possible de se promener avec une arme à feu chargée, sans permis, à condition qu’elle ne soit pas visible.
Depuis le 1er juillet, un Américain peut ainsi déambuler avec une arme chargée dissimulée, sans avoir à passer de cours de maniement d’armes ou à faire l'objet de vérification de ses antécédents.
C’est d'ailleurs après avoir entendu des coups de feu sur le terrain de camping où elle se trouvait que Laurie Buzzell, originaire de Granby, a fait une croix sur son projet de retraite en Floride.
«On est allé essayer la Floride puisque c’est ce qu’on croyait faire pour notre retraite, mais une nuit, j’entends des coups de feu et je vois un policier qui court après quelqu’un sur le terrain. Pour moi, c’était terminé, les États-Unis ne m’intéressent pas», confie-t-elle, en parlant de sa mauvaise expérience dans le Comté de Broward.
Bienvenue à Punta Canada
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Ce reportage a été réalisé grâce à la Bourse de reportage international de l’Agence QMI