Plusieurs commerces restent inaccessibles aux handicapés
Québec accuse un retard important en la matière, selon des usagers

Elisa Cloutier
Des personnes handicapées critiquent le fait qu’elles n’ont pas accès à bon nombre de commerces de Québec, faute d’aménagement nécessaire pour leur fauteuil roulant.
Rampe d’accès inexistante ou trop abrupte, portes trop étroites, marches, portes automatiques défectueuses ou carrément absentes : plusieurs raisons empêchent les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant de profiter des restaurants, des boutiques et des autres commerces de Québec.
Dans certains cas, l’entrée au restaurant est accessible, mais la salle de bain à l’intérieur ne l’est pas, déplore Raynald Pelletier, président du conseil d’administration du Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH).

« On finit par toujours aller aux mêmes endroits, puisqu’il faut que la salle de bain soit accessible. Je trouve qu’en 2023, appeler au restaurant pour demander si je pourrai aller à la salle de bain, ce n’est pas normal », dit M. Pelletier, atteint de spina-bifida.
Le directeur du Regroupement des organismes de personnes handicapées de la Capitale-Nationale abonde dans le même sens. « Je ne vois pas beaucoup d’endroits, de quartiers, où une personne en fauteuil peut vivre son quotidien », affirme Olivier Collomb d’Eyrames.
Difficile dans le Vieux-Québec
Et le problème est « majeur » dans le Vieux-Québec, mais également sur la rue Saint-Joseph et la rue Cartier, pour ne nommer que ces artères, où plusieurs bâtiments, dont certains patrimoniaux, sont complètement inaccessibles.

Une situation que Simon April, porte-parole du CAPVISH, ne s’explique pas.
« On nous dit à Québec qu’on ne peut pas modifier l’accès puisque c’est patrimonial, mais je suis allé visiter au complet le Colisée de Rome. Il me semble qu’il n’y a pas plus patrimonial que le Colisée de Rome ! Et il était accessible au complet ! » illustre l’homme de 41 ans, atteint d’ostéogenèse imparfaite, un trouble génétique caractérisé par une fragilité des os.

Qui plus est, le nombre grandissant de croisiéristes qui débarquent dans le Vieux-Québec devrait inciter la Ville « à agir », estime-t-il.
La Ville de Québec ne détient par ailleurs aucun registre du nombre de commerces accessibles sur son territoire, déplore Véronique Dallaire, conseillère municipale et porte-parole de l’opposition en matière d’accessibilité universelle.
Selon elle, l’administration municipale devrait intégrer la question de l’accessibilité lors de sa prochaine évaluation foncière, afin que les endroits accessibles soient éventuellement indiqués sur le site de la Ville. « Les commerçants qui n’apparaîtront pas vont peut-être avoir un incitatif et vouloir faire partie des commerces accessibles », mentionne-t-elle.
Pas de règlement
Aucune réglementation n’encadre non plus les normes d’accessibilité, que ce soit pour les nouvelles constructions ou les bâtiments déjà existants. La Ville a plutôt réalisé un « guide pratique d’accessibilité universelle ».
« Il s’agit de recommandations et non d’une politique », précise la porte-parole, Audrey Perreault.
Un programme a aussi été mis en place pour permettre aux commerçants d’adapter leur établissement aux personnes handicapées (PAE). Mais, en 2022, seulement deux projets ont eu recours au programme, confirme Mme Perreault.
Pas de pénalités
- Aucune sanction n’est prévue pour les propriétaires de commerces non accessibles aux personnes handicapées
- 14,9 % de la population de Québec a une incapacité ; il s’agit de 88 550 personnes
Accessibilité aux personnes handicapées
Recours à la Régie du bâtiment
- 2022-2023 :
21 plaintes et 9 avis de correction - 2021-2022 :
34 plaintes et 7 avis de correction - 2020-2021 :
23 plaintes et 14 avis de correction
Sources : Régie du bâtiment et Office des personnes handicapées du Québec
Des réactions
« Souvent, dans les croisières, il s’agit de personnes âgées ou à mobilité réduite. Ils débarquent dans un des plus beaux quartiers du Canada [le Vieux-Québec], mais ils ont de la misère à le visiter. »
– Simon April, porte-parole du Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH)
« Notre plus grande problématique, c’est que nous n’avons pas le portrait en ce qui concerne l’accessibilité des commerces. »
– Véronique Dallaire, conseillère municipale pour Québec d’abord, dans le district des Saules–Les Méandres
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