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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

La France a profité plus du libre-échange que le Québec

Les exportations françaises au Québec ont bondi de plus de 50% depuis 2016

Le premier ministre français Gabriel Attal, qui était à Ottawa mercredi, rencontrera des gens d'affaires québécois vendredi à Montréal.
Le premier ministre français Gabriel Attal, qui était à Ottawa mercredi, rencontrera des gens d'affaires québécois vendredi à Montréal. Photo AFP
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Sylvain Larocque

2024-04-12T04:00:00Z
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Le libre-échange avec l’Europe a permis d’accroître les échanges commerciaux entre le Québec et la France, mais il est loin d’avoir éliminé toutes les barrières économiques.

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De 2016 à 2023, les exportations françaises au Québec ont bondi de plus de 50% pour atteindre 3,8 milliards $. En revanche, les exportations québécoises en France n’ont progressé que de 28% pendant la même période pour s’élever à 1,6 milliard $.

«Dans l’ensemble, ce qu’on peut voir, c’est que le commerce entre le Canada et l’Union européenne a augmenté des deux côtés. Je pense que c’est ça la bonne nouvelle et c’est ce sur quoi il faut focaliser», soutient Patrick Leblond, professeur à l’Université d’Ottawa.

  • Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB :

Il faut dire que les grandes entreprises françaises sont beaucoup plus présentes ici que le Québec inc. en France. Pas moins de 70% des entreprises qui composent l’indice principal de la Bourse de Paris (CAC 40) sont présentes dans la métropole québécoise, souligne Montréal International. Elles emploient plus de 45 000 personnes.

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La France n’hésite pas à protéger ses champions nationaux. Au début de 2021, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a bloqué la vente du détaillant Carrefour à Couche-Tard. Pourtant, des géants français comme Airbus, Alstom, Michelin et Keolis ont tous fait des acquisitions au Québec, souvent avec le soutien du gouvernement ou de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«C’est très difficile en France»

CGI et Boralex font partie des rares entreprises québécoises qui ont une présence importante en France.

«J’ai déjà entendu beaucoup de PDG québécois, canadiens ou d’autres pays dire que c’est très difficile en France. Oui, ça l’est et nous, on y est arrivés», affirme le PDG de Boralex, Patrick Decostre.

Patrick Decostre
Patrick Decostre Photo Boralex

«On n’est pas arrivés en disant “voici comment on fait au Québec, voici comment vous devriez faire en France”, raconte-t-il. On s’est adaptés.»

Aujourd’hui, Boralex est le plus important producteur indépendant d’énergie éolienne en France avec une puissance installée de plus de 3000 mégawatts.

«On a appris l’éolien et le solaire en France», indique M. Decostre.

Francis Repka, PDG de la filiale canadienne de la banque Société Générale, croit que le rapprochement économique entre la France et le Québec se poursuivra.

Francis Repka, PDG de Société Générale Canada et président de la Chambre de commerce et d'industrie française au Canada.
Francis Repka, PDG de Société Générale Canada et président de la Chambre de commerce et d'industrie française au Canada. Photo Société Générale

«Je note qu’il y a beaucoup de points de contact», dit-il, en évoquant des secteurs comme l’aéronautique, les sciences de la vie et l’énergie.

Dans le dossier de la filière batterie, Société Générale a d’ailleurs agi comme conseiller financier pour Nouveau Monde Graphite, Hydro-Québec et Investissement Québec.

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Quatre dossiers chauds

Des fromagers toujours en colère
Photo IGA Extra Amos
Photo IGA Extra Amos

Plus de six ans après l’entrée en vigueur du libre-échange avec l’Union européenne, des fromagers québécois la dénoncent toujours. Les importations québécoises de fromages européens ont plus que doublé depuis 2016 pour atteindre 205 millions $. «Le produit européen qui entre ici est fabriqué avec du lait qui coûte à peu près 60% moins cher que notre lait», note Charles Langlois, PDG du Conseil des industriels laitiers du Québec. «C’est clair que si l’entente n’était pas renouvelée, il n’y aurait pas beaucoup de fromagers qui pleureraient», lance-t-il. Même si le Sénat français a récemment rejeté l’accord, M. Langlois estime toutefois peu probable que celui-ci soit abandonné.

Les Français sur nos routes
Photo Eurovia
Photo Eurovia

Après avoir réalisé plusieurs acquisitions, y compris d’anciennes entreprises de Tony Accurso, le géant français Vinci est très présent au Québec. En 2023, ses revenus ont dépassé les 3 milliards $ au Canada, en hausse de 40% par rapport à 2021. Vinci participe actuellement à la réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et de la route Billy-Diamond, à la Baie-James. Un autre groupe français, Keolis, est présent sur les routes du Québec, entre autres avec sa filiale Orléans Express. La Caisse de dépôt et placement du Québec détient 30% de Keolis.

Un gros pari encore fragile

L’investissement public de près de 1,7 milliard $ dans le programme d’avions A220 d’Airbus (ex-C Series de Bombardier) est le plus important jamais effectué par Québec dans une entreprise. Propriétaire de l’A220 depuis plus de cinq ans, Airbus peine toujours à rentabiliser le programme. L’avionneur est actuellement à couteaux tirés avec ses syndiqués de Mirabel.

Un mégaplacement qui déraille
"Photo AFP"
"Photo AFP"

En 2021, la Caisse de dépôt et placement du Québec a investi plus de 4,5 milliards $ dans le constructeur français de matériel roulant Alstom pour aider Bombardier à se défaire de sa filiale ferroviaire. À la fin de 2023, ce placement valait moins de 1,2 milliard $. Il n’est pas exclu que la Caisse et les autres actionnaires d’Alstom doivent réinvestir dans l’entreprise pour remettre cette dernière sur les rails.

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