Plus d’un Québécois sur trois dit avoir de la difficulté à gérer ses émotions, selon un sondage
Une forte majorité se dit consciente des effets de l’hygiène de vie et des traumas subis pendant l’enfance sur la santé


Dominique Scali
Plus d’un Québécois sur trois dit avoir de la difficulté à gérer ses émotions, une réalité encore plus présente chez les femmes et les parents de jeunes enfants et d’ados, révèle un nouveau sondage Léger sur le bien-être.
«Souvent, les médecins me disent: si vous saviez le nombre de fois où on suggère de la prévention et que le patient répond: “Bah, docteur, vous me donnerez une pilule quand je serai malade”», raconte Joël Monzée, docteur en neurosciences.

Celui qui se passionne depuis plusieurs années pour les aspects multifactoriels de la santé a contribué à la création d’un nouveau sondage Léger réalisé en vue du Festival Santé & Bien-être de l’Outaouais.
Les résultats révèlent que 36% des Québécois affirment avoir de la difficulté à gérer leurs émotions.
Stress parental
«Ça correspond grosso modo à la prévalence des troubles anxieux et dépressifs», qui tourne autour du tiers de la population, selon les grandes études épidémiologiques, remarque Geneviève Belleville, professeure à l’École de psychologie de l’Université Laval.
Les femmes (40%) y sont plus sujettes que les hommes (32%).
Par ailleurs, les gens âgés de 35-54 ans sont plus nombreux à avoir cette difficulté (48%) que ceux des autres groupes d’âge, tout comme les parents ayant des enfants dans le ménage (47%).
«C’est assez intéressant, parce qu’il y a de plus en plus de recherches sur le stress parental, et même sur le burnout parental», note Mme Belleville.
Plus conscients qu’avant
Le sondage révèle aussi que les Québécois sont de plus en plus conscients de certains facteurs complexes influant sur la santé.
Par exemple, les jeunes de 18-34 ans sont légèrement plus nombreux (82%) que les 55 ans et plus (76%) à considérer que les traumatismes vécus pendant l’enfance ont un impact durable sur la santé à l’âge adulte. Reste que 14% des répondants seniors ne savaient tout simplement pas quoi répondre à cette question.
«Les seniors ont parfois reçu une éducation plus rigide», interprète M. Monzée, alors que les jeunes sont souvent plus conscients de l’importance d’une éducation bienveillante.
Plus de trois Québécois sur quatre (76%) pensent par ailleurs que les pratiques de prévention et l’hygiène de vie peuvent contribuer à diminuer les symptômes d’une maladie chronique.
«C’est un excellent signe. Ça suggère que nos activités de sensibilisation fonctionnent», estime Mme Belleville.
«C’est une bonne nouvelle et un message au gouvernement», souligne M. Monzée, qui observe que le système de santé a souvent tendance à miser sur le «curatif» plutôt que sur la prévention.
Le lien entre les maladies chroniques et les bonnes habitudes de sommeil, d’alimentation et d’activité physique est d’ailleurs bien connu, mentionnent les deux experts.
On pourrait aussi ajouter la méditation pleine conscience, l’ostéopathie, l’acupuncture et le temps passé en nature, ajoute M. Monzée.
L’ensemble des résultats seront dévoilés lors du Festival Santé & Bien-être en Outaouais, qui se déroulera du 21 au 24 août prochains au Centre de Vie à Ripon.
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