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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Santé Québec a déjà donné plus de 3 M$ en contrats à des firmes privées

La nouvelle agence publique multiplie les mandats à des consultants externes

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Photo portrait de Héloïse Archambault

Héloïse Archambault

2025-02-10T05:00:00Z
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La nouvelle agence Santé Québec a déjà déboursé 3 millions $ en contrats à des firmes privées pour l'aider à mieux gérer le réseau de la santé, qui doit de son côté sortir la hache et couper 1,5 milliard $ de dépenses.

Cybersécurité, finances, plan de gestion de crise: les contrats octroyés de gré à gré à des firmes privées ou à des contractuels se multiplient depuis l’entrée en fonction de la société d’État, le 1er décembre dernier.

Le Journal a répertorié 14 contrats octroyés de gré à gré sur la plateforme de contrats publics du gouvernement du Québec SÉAO depuis le 18 décembre dernier, pour un total de 1 354 070 $. Avant Noël, une compilation de La Presse faisait état de 1,7 million $ de contrats octroyés au privé en 2024 par Santé Québec, ce qui porte le total à plus de trois millions $. 

Récemment, Le Journal révélait que Santé Québec a donné un contrat de 103 000$ à une firme de marketing pour que cette dernière l'aide à définir sa mission et sa vision. 

L'ex président-directeur général du CISSS de Lanaudière, Daniel Castonguay, vient d'être embauché comme «conseiller stratégique senior» pour près de 120 000 $. En 2020, il avait perdu son poste après le décès de la patiente Joyce Echaquan et les allégations de racisme dans l'établissement. 

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Un contrat a aussi été donné à la firme de marketing et de sondage (SOM) pour évaluer la «confiance de la population». 

Pas d’experts à l’interne? 

«Il n’y avait pas déjà une expertise au ministère de la Santé? se demande Régis Blais, professeur spécialisé dans les politiques de santé à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Il y a plein d’opérations qui se faisaient déjà au ministère [...]. On n’a pas déjà réfléchi à ces enjeux-là?»

«C’est comme si on recrée un ministère et il faut aller chercher de nouvelles expertises. Mais le ministère fonctionnait déjà et normalement, il devait déjà y avoir l’expertise», ajoute-t-il. 

Pendant ce temps, le réseau de la santé doit couper 1,5 milliard $ d’ici le 31 mars prochain. Déjà, des suppressions de postes et des réductions de services se multiplient aux quatre coins du Québec.

Un drôle de message 

«Ça envoie un drôle de message à la population. D’un côté, on coupe 1,5 milliard $ dans les services, et il y a ce genre de contrats, réagit le Dr Xavier Gauvreau, porte-parole du regroupement des Médecins québécois pour le régime public (MQRP). C’est l’austérité pour le public, mais pas pour le privé. Il y a vraiment un double discours.»

Photo fournie par Régis Blais
Photo fournie par Régis Blais

Le MQRP déplore par ailleurs le manque de transparence de Santé Québec depuis sa création. 

«Tous ces contrats, ça confirme les craintes qu’on avait par rapport à l’opacité. Avoir des informations sur Santé Québec, c’est excessivement difficile», déplore Dr Gauvreau. 

Deux autres appels d’offres sont aussi en cours pour analyser les services de technologies et les dossiers numériques. Les montants de ces contrats ne sont pas encore connus.

Par courriel, Santé Québec répond que ces contrats visent à améliorer l'efficacité de l'agence à court terme sans devoir embaucher des ressources permanentes. 

«Notre priorité: disposer rapidement de la capacité d’agir et, surtout, livrer des résultats significatifs pour la population, tant dans la gestion des opérations du réseau de la santé que dans l’encadrement des équipes dans les établissements.»

 

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