Autonomie alimentaire: plus de place dans les supermarchés
La pandémie a créé un appétit des grandes chaînes pour un approvisionnement de plus grande proximité


Jean-Michel Genois Gagnon
Les grandes chaînes d’alimentation canadiennes et même américaines ont de plus en plus d’appétit pour certains produits locaux.
• À lire aussi: Vers un Québec indépendant en fruits et légumes toute l’année
Preuve à l’appui, Patates Dolbec livre aujourd’hui des pommes de terre durant 12 mois chez Costco. Les produits de l’entreprise de Portneuf sont aussi disponibles chez Walmart au Québec, sous un autre nom.
« Ces entreprises veulent nos produits. Il faut s’équiper encore plus pour conserver nos patates à l’année », avance le président, Stéphan Dolbec, qui a aussi comme partenaire Metro, depuis plus de 40 ans, et Empire (Sobeys).
Celui qui parle pour son industrie concède qu’il est parfois plus difficile de signer un partenariat avec les géants américains qui cherchent davantage des joueurs pouvant assurer une production durant plusieurs mois.
Du côté de la ferme Onésime Pouliot, située à Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans, la direction est aussi d’avis que Costco semble accorder une plus grande importance aux produits locaux qu’avant. Le propriétaire avance même que des fraises et des framboises du Québec sont maintenant visibles chez le détaillant.
« À ma connaissance, Costco a commencé cette année à faire de la place aux fraises et aux framboises d’ici dans des magasins du Québec », affirme Guy Pouliot, qui s’interroge toutefois sur les motivations de l’entreprise.
« Est-ce que c’est en raison du prix élevé de la fraise américaine ? »
Précisons que la ferme Onésime Pouliot ne compte pas parmi ses clients ce détaillant. Elle a notamment comme partenaire Metro, Empire et Loblaw.
Pas encore un critère
Selon le professeur en science agroalimentaire de l’Université Dalhousie Sylvain Charlebois, l’achat local « n’est pas encore un critère de sélection » chez Costco pour la grande majorité des produits. Quant à Walmart, il concède qu’il y a eu du progrès, au cours des dernières années.
« Vendre local, pour Costco, n’est pas dans la mission du détaillant », affirme M. Charlebois. « Pour Walmart, il commence, mais c’est le même principe, c’est une question de marge », poursuit-il.
Ce dernier prédit qu’au cours des prochaines années, le nombre de marques privées à travers les chaînes d’alimentation, comme le Choix du Président chez Loblaw, devrait grimper en flèche, car il s’agit d’une formule plus rentable pour les enseignes qui permet également de mettre des produits canadiens à l’avant-plan.
Quant à la présence des produits du Québec chez les bannières canadiennes, M. Charlebois trouve le portrait beaucoup plus beau qu’il y a cinq ans.
Selon Aliments du Québec, tous les grands distributeurs alimentaires cherchent, présentement, à se démarquer, notamment avec des produits québécois afin de répondre à la demande croissante des consommateurs.
« Les distributeurs se positionnent en conséquence pour offrir aux clients ce qu’ils veulent. Je pense que la pandémie a vraiment eu un impact. Les gens sont plus conscients de l’importance de l’autonomie alimentaire et de soutenir les produits d’ici », affirme la directrice générale, Marie Beaudry.