Le drame familial aurait pu être évité par une meilleure formation
Un père a assassiné ses enfants neuf jours après avoir tenté de se suicider


Camille Payant
Une meilleure formation des intervenants en matière de violence conjugale aurait pu permettre d’éviter qu’un père assassine ses deux enfants et s’enlève la vie en 2019, quelques jours après une première tentative de suicide, selon la coroner.
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Dans son rapport rendu public mardi, la coroner Stéphanie Gamache insiste sur le fait que «des lumières rouges devraient toujours s’allumer» lors d’une tentative de suicide en contexte de séparation imminente.

Jonathan Pomares, 40 ans, a sauvagement poignardé ses enfants Hugo, 7 ans, et Élise, 5 ans, avant de s’enlever la vie dans sa maison de Montréal, le 22 octobre 2019.
«Des actions concrètes pour la protection de M. Pomares ainsi que la protection de ses enfants et de son ex-conjointe auraient sans doute permis d’éviter ce drame horrible», écrit la coroner Gamache.
Elle recommande une formation continue sur la violence conjugale et la levée de la confidentialité des renseignements aux intervenants, médecins et infirmiers de deux Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux de Montréal.
Tentative de suicide
Pomares avait été hospitalisé le 13 octobre pour une tentative de suicide, peu après que sa conjointe lui eut signifié qu’elle souhaitait mettre un terme à leur relation.

«C’est non seulement un facteur de risque suicidaire [...], mais il s’agit aussi d’un facteur de risque homicidaire», affirme Me Gamache.
«Quand un conjoint est dans une situation où il n’a plus rien à perdre, c’est là que ça peut basculer dans la destruction [...] pour encore avoir un contrôle sur son ex-conjointe au-delà du décès», dit-elle.
Durant son séjour en psychiatrie, Pomares avait été évalué par trois différents médecins de deux centres hospitaliers différents, qui n’avaient pas en main les notes de leurs collègues.
Lorsqu’il a reçu son congé de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal le 15 octobre, le médecin a cru, après seulement une discussion avec Pomares, qu’il ne présentait «aucune dangerosité pour lui-même ou pour autrui».
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Dix facteurs de risque
Selon la coroner, «il ne faut pas se fier uniquement au discours du patient».
Une grille d’évaluation spécifique du risque homicidaire devrait donc être développée et utilisée pour obtenir une vision extérieure de ce que vit le patient.
La coroner identifie dix facteurs de risque qui auraient dû être décelés dans le cas de Pomares, dont la présence d’un couteau dans sa chambre, des antécédents de violence physique et psychologique dans la famille d’origine et un problème de consommation d’alcool.
«Les observations des policiers [...] témoignent du potentiel de violence présent chez lui qui s’est malheureusement matérialisé», soutient Me Gamache.
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