Plus de 224 M$ en prêts pardonnables aux entreprises

Jean-Michel Genois Gagnon
Québec pourrait laisser dans les coffres des compagnies 224,4 millions $ des 422,5 millions $ en prêts qui ont été octroyés dans le cadre des programmes d’Aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises (PAUPME).
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Selon des données fournies au Journal par le ministère de l’Économie, en date du 24 janvier, le gouvernement avait accordé 12 377 aides financières.
De ce nombre, 8408 demandes ont été pour le programme d’aide aux entreprises en régions en alerte maximale (AERAM), qui est aussi lié au PAUPME. Cette aide offre toutefois un pardon de prêt aux compagnies.
Des 288,1 millions $ autorisés par le gouvernement pour l’AERAM, 224,4 millions $ sont considérés comme pardonnables. Cela signifie que l’entreprise n’aura pas nécessairement à rembourser ce montant à l’État.
Ces sommes doivent toutefois servir à couvrir, entre autres, les frais fixes admissibles durant les mois de fermeture.
Plus d’une entreprise sur deux (4918) ayant eu recours à l’AERAM brasse des affaires dans le secteur de la restauration.
Les oubliés
Ces dernières semaines, des restaurateurs de Québec, qui ont préféré taire leur nom pour éviter les représailles, ont contacté Le Journal pour dénoncer le flou des critères d’admissibilité donnant accès à ces soutiens financiers. Ils ont déploré un manque de cohérence dans le traitement des dossiers.
Plusieurs ont raconté ne pas avoir été admissibles à ces programmes en raison de l’argent disponible dans leur fonds de roulement.
Afin de protéger son commerce depuis mars 2020, l’un d’eux a confié avoir coupé « considérablement » son salaire, ce qui lui a permis de solidifier sa situation. Aujourd’hui, il s’interroge à savoir s’il avait été plus gourmand, aurait-il eu accès à ces programmes ?
Un autre restaurateur ayant différentes enseignes comme La Belle Province et Thaï Express a aussi essuyé des refus en raison du montant dans ses comptes. Il a affirmé que cet argent était des prêts des autres programmes.
« Oui, nous avons une certaine liquidité dans nos comptes, mais c’est de l’argent qu’on doit (prêts) », a avancé l’homme d’affaires. « J’ai six restaurants qui ont été refusés sur 10 demandes », a-t-il ajouté.
Les règles de ces programmes visant à appuyer les entreprises durant la pandémie ont été établies par le ministère de l’Économie. Il revient toutefois aux MRC, villes et organismes d’analyser « au cas par cas » les dossiers. Il n’y a donc pas de balise fixe pour l’évaluation des fonds de roulement.
Du côté de l’Association des Restaurateurs du Québec, on confirme que les cas de ces restaurateurs ne sont pas isolés. D’autres situations similaires leur ont été rapportées par des entrepreneurs dans la région de Québec.
« Ce n’est pas parce qu’on est en surplus qu’on n’a pas besoin d’aide », a souligné Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales. « C’est un peu de décourager les gens qui ont bien exploité leur établissement », a-t-il ajouté.