Convoi de camionneurs: des manifestants à Ottawa font le plein en cachette
Ils utilisent des enfants et d’autres subterfuges pour transporter de l’essence

Olivier Faucher
S’il est plus silencieux qu’il y a quelques jours, le « convoi de la liberté » est encore bien incrusté à Ottawa, où les manifestants parviennent à se ravitailler en essence malgré l’interdiction de la police.
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« Ce n’est pas aussi facile qu’il y a une semaine, mais on en obtient encore [de l’essence] », explique Tim Norton, un camionneur de 57 ans stationné avec son poids lourd sur la rue Wellington depuis l’arrivée du convoi, qui en était mardi à son 12e jour de siège dans le centre-ville d’Ottawa.
Selon les plus récentes données de la police d’Ottawa, 418 camions paralysent encore plusieurs rues de la capitale fédérale. Mardi, le bruit des klaxons qui avait torturé les résidents avait toutefois disparu, signe que l’injonction autorisée par un tribunal lundi pour mettre fin pendant 10 jours à cette cacophonie semble fonctionner.

Depuis dimanche, la police tente de décourager les manifestants en interdisant à quiconque de les approvisionner, entre autres en essence. Les forces de l’ordre ont d’ailleurs arrêté 23 personnes dans les derniers jours, dont plusieurs pour avoir transporté du gaz.
Mais plusieurs parviennent à contourner cette interdiction.
- Écoutez la chronique d’André Durocher au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Témoin d’un plein
Mardi, Le Journal a été témoin d’un de ces ravitaillements, alors qu’au moins un bidon d’essence a été versé dans un poids lourd pendant que des personnes formaient un cercle pour tenter de camoufler l’opération. Plusieurs policiers sont passés à quelques mètres sans intervenir.
Ceux qui avaient coordonné ce remplissage sont repartis avec des bidons vides en marchant devant de nombreux policiers passifs. Ils les ont déposés dans ce qui semblait être un point stratégique où Le Journal a été froidement accueilli par un Québécois qui disait en être le responsable.
« Penses-tu que je vais t’expliquer comment que ça fonctionne ? Fais de l’air ! », a-t-il répondu à nos questions.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs images qui circulent depuis quelques jours montrent diverses astuces des manifestants pour cacher le ravitaillement d’essence, comme couvrir les bidons de sacs de poubelle.
Eau ou essence ?
De nombreux manifestants ont d’ailleurs commencé à se promener avec des bidons remplis d’eau avec comme objectif de décourager les interventions de la police, ce qui a préoccupé mardi le chef adjoint de la police d’Ottawa, Steve Bell.
Ce dernier a d’ailleurs indiqué que des policiers ont été attaqués par des manifestants lundi alors qu’ils tentaient de leur confisquer des bidons d’essence, et qu’une enquête avait été ouverte sur cet événement.
La police a également rapporté que les manifestants font de faux appels au 911 pour désorienter les forces de l’ordre.
Les autorités sont par ailleurs préoccupées par le fait qu’il y a des enfants à bord d’un camion sur quatre environ parmi tous ceux formant le convoi.
Un risque potentiel
« Ces enfants pourraient être à risque au cours d’une opération policière. Nous travaillons avec la société d’aide à l’enfance pour assurer leur bien-être et leur sécurité », a dit Bell, qui s’est notamment inquiété de l’exposition possible des enfants au monoxyde de carbone et à l’exposition répétée aux gaz qui s’échappent des véhicules.
Les enfants avaient aussi été exposés au bruit incessant des klaxons de camions pendant des jours, ce qui peut mettre à risque leur ouïe.
Les manifestants utilisent eux-mêmes la présence des enfants pour protester contre les saisies de gaz, disant que cela met les enfants à risque face au froid, la nuit. Des enfants sont aussi utilisés dans le bal des bidons qu’on leur donne à transporter.
– Avec Anne Caroline Desplanques