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L'article provient de TVA Nouvelles

Pluies diluviennes: est-ce que les égouts de Montréal sont suffisamment efficaces?

PHOTO FOURNIE PAR CHANTAL LANTHIER
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2025-07-16T15:41:41Z
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Après la tempête Debby et les pluies diluviennes de dimanche dernier, qui ont mené à d’importantes inondations pour plusieurs Montréalais, la question se pose: les réseaux d’égouts de la Ville sont-ils suffisamment efficaces pour les intempéries causées par les changements climatiques?

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Dimanche, de 70 à 100mm de pluie sont tombés sur Montréal en quelques heures à peine. Les pluies diluviennes ont causé d’importantes inondations, plus particulièrement dans le nord de l’île.

Dans les derniers jours, de nombreux Montréalais ont décrié que les égouts sont trop peu efficaces pour absorber des pluies aussi considérables.

Est-ce que c’est vrai?

La réponse est non. Ce n’est d’ailleurs pas du tout le rôle des égouts d’évacuer les pluies extrêmes, stipule le professeur au Département de génie de la construction à l’École de technologie supérieure, Jean-Luc Martel.

«C’est un mythe. Les gens ont l’impression qu’il faudrait grossir les égouts, que ça réglerait les problèmes. Et non, ça ne va pas les régler», assure l’expert en gestion des eaux pluviales.

«Ça n’aurait aucun sens»

En réalité, le réseau d’égouts a comme fonction d’évacuer l’eau d’évènements que l’on considère relativement fréquents, c’est-à-dire «jusqu’à un événement qu’on voit en moyenne tous les 10 ans», soutient Jean-Luc Martel.

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«Si on voulait que l’égout évacue toute cette eau [des pluies diluviennes de dimanche dernier], on aurait des égouts qui seraient tellement gros, ça serait tellement dispendieux, ça prendrait l’entièreté du sous-sol des rues, ça n’aurait aucun sens. On ne peut pas se permettre de telles infrastructures», estime le professeur.

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Plus de parcs éponges

Selon Jean-Luc Martel, aucune ville n’est complètement prête à recevoir une telle quantité d’eau sur une courte période. Et Montréal ne fait pas exception.

C’est pourquoi il est important d’avoir des infrastructures mises en place en surface, comme des parcs éponges ou des saillies de trottoirs végétalisées, qui vont absorber l’eau en trop lors d’un évènement météorologique extrême.

Sans ceux-ci, le réseau d’égouts risque d’être surchargé. Lorsque trop d’eau s’accumule dans les égouts, ça met le réseau sous pression et cause des refoulements d’égouts comme ceux qu’ont vécu plusieurs Montréalais le week-end dernier.

«La Ville de Montréal fait beaucoup d’efforts, mais c’est un travail de longue haleine qui ne va pas se résoudre du jour au lendemain. Et dans un contexte de changements climatiques, d’intensification des pluies extrêmes, ça ne va pas aller en s’améliorant», dit-il.

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

Actuellement, 19 parcs éponges ont été aménagés ou sont en phase finalement d’aménagement et 14 projets sont en cours à Montréal.

Les citoyens peuvent aussi protéger leur résidence des inondations lors de fortes pluies. La Ville a bonifié le programme RénoPlex en 2024 afin d’offrir un meilleur soutien financier aux Montréalais qui souhaiteraient, par exemple, ajouter un clapet anti-retour ou une porte de garage ou d’entrée étanche.

La Ville de Montréal a prévu 599 millions $ de son budget 2025 à l’amélioration de ses infrastructures d’eau.

«Rappelons qu'aucun réseau n'est conçu pour capter de telles quantités de pluie en peu de temps, et ce, peu importe l'âge ou l'état des conduites. C’est pour cette raison que la Ville de Montréal met en place plusieurs actions afin de devenir plus résiliente face aux changements climatiques», stipule la Ville de Montréal par courriel en réponse à une demande d’information de 24 heures.

«Malgré tout, il est fort probable que lors des épisodes de fortes pluies que l'eau s'accumule dans les zones en dépression (points bas appelés «cuvettes»)», ajoute-t-on.

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