Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Pluie d’éloges sur le demi de coin québécois Benjamin St-Juste des Commanders

Benjamin St-Juste (à droite) est parvenu à rabattre une passe en direction du receveur DeVonta Smith, face aux Eagles, le 25 septembre.
Benjamin St-Juste (à droite) est parvenu à rabattre une passe en direction du receveur DeVonta Smith, face aux Eagles, le 25 septembre. Photo d’archives
Partager
Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2022-11-04T04:00:47Z
Partager

ASHBURN, Virginie | Après l’entraînement sous les généreux rayons d’automne, Benjamin St-Juste se pointe calmement à son casier dans le vestiaire des Commanders de Washington. Tandis que de la musique retentit, que certains s’adonnent à une partie de poches ou que d’autres se narguent dans un sympathique boucan, c’est plutôt sur le terrain que le Québécois fait du bruit cette saison.

C’est dans la petite ville d’Ashburn que l’équipe s’entraîne, à environ 45 minutes de Washington. Même si l’organisation nage dans la tourmente avec un propriétaire contesté en Dan Snyder, les lieux sont sereins.

Les magnifiques couleurs d’automne sont encore bien en vue et l’équipe, qui a remporté ses trois derniers matchs pour porter son dossier à 4-4, connaît de bons moments qui calment le jeu. Tumulte ou pas, St-Juste est égal à lui-même. Détendu, en contrôle, avec l’esprit qui ne divague pas de l’objectif.

« Je ne vais sur les réseaux sociaux que pour parler à ma famille et mes amis. Ça aide à bloquer un peu le bruit de l’extérieur. L’équipe en général fait un bon travail pour se concentrer sur le football », a-t-il confié lorsque le représentant du Journal est allé à sa rencontre.

Photo AFP
Photo AFP

Un rôle crucial

Ce flegme sert St-Juste à merveille cette saison. Après une campagne recrue prometteuse, mais écourtée par les blessures, le demi de coin prend son véritable envol à sa deuxième saison. 

Publicité

Selon le site Pro Football Reference, les quarts-arrières adverses ont complété 44 % des passes lancées dans la direction du Montréalais pour un seul touché, contre 65 % la saison dernière. 

Il est même parvenu à prendre la place de William Jackson III, joueur autonome embauché à fort prix l’an dernier et échangé aux Steelers plus tôt cette semaine.

« Nous avons donné une opportunité à Benjamin et il a fait un travail exceptionnel », a louangé l’entraîneur-chef, Ron Rivera, mercredi, pour justifier la transaction.

Ce ne sont manifestement pas de simples mots flatteurs d’un entraîneur. Personne dans la NFL ne gagne du temps de jeu gratuit et St-Juste a pris part à 88 % des jeux défensifs des siens, dont 100 % dans les trois dernières semaines. 

Benjamin St-Juste a célébré après avoir freiné le receveur Darnell Mooney à la porte des buts pour donner la victoire aux Commanders face aux Bears, le 13 octobre.
Benjamin St-Juste a célébré après avoir freiné le receveur Darnell Mooney à la porte des buts pour donner la victoire aux Commanders face aux Bears, le 13 octobre. Photo courtoisie, COMMANDERS, EMILEE FAILS

« Il est vraiment revenu affamé »

Ses coéquipiers notent une remarquable progression.

« On l’a vraiment vu grandir. On voit que le jeu a ralenti pour lui. Les entraîneurs lui en demandent beaucoup et il ne déçoit jamais. 

« Même quand il venait d’arriver l’an passé, il se retrouvait rarement en mauvaise posture. La différence, c’est que parfois, il faut juste un peu d’expérience pour comprendre davantage ce qui se passe et ressentir les choses. Il est vraiment revenu affamé cette saison », nous a indiqué le vétéran maraudeur Bobby McCain.

Publicité

À ses côtés, l’autre maraudeur, Kamren Curl, ne pouvait qu’acquiescer.

« Il a fait preuve de polyvalence et a démontré qu’il était un joueur très intelligent. Il sait s’ajuster pendant un match et c’est cool de le voir évoluer si rapidement », a-t-il dit.

Le Québécois a contribué à tenir les receveurs des Packers en échec dans un gain des Commanders, le 23 octobre.
Le Québécois a contribué à tenir les receveurs des Packers en échec dans un gain des Commanders, le 23 octobre. Photo courtoisie, COMMANDERS, EMILEE FAILS

En confiance

Si le rendement de St-Juste sur le terrain a de quoi plaire à ses coéquipiers, d’autres l’apprécient également pour ce qu’il est dans la vie de tous les jours. C’est le cas de l’ailier rapproché Logan Thomas, l’un de ses bons amis dans l’équipe.

« Quand il est arrivé, il était pas mal silencieux. Il faisait sa petite affaire. C’est encore un peu comme ça, mais maintenant qu’il est plus confortable, on le voit sortir tranquillement de sa coquille. Il vient au travail chaque jour sans rechigner. Il est agréable à côtoyer parce qu’il est positif et ce n’est jamais lui qui va te traîner vers le bas », a confié le costaud gaillard.

St-Juste et Thomas se côtoient fréquemment puisque leurs deux épouses sont aussi très proches.

« J’étais invité à son mariage et je l’ai vu entouré de ses amis. On voit que lorsqu’il est vraiment confortable, sa personnalité s’exprime. Il affiche beaucoup plus de confiance. On le sent en le côtoyant, ça transpire de lui. Comme joueur, il possède tous les intangibles pour devenir aussi bon qu’il veut le devenir », estime-t-il.

Publicité

Soif d’apprendre

À l’arrivée de St-Juste au sein de l’équipe, après qu’il eut été sélectionné en troisième ronde du repêchage l’an dernier, c’est le vétéran demi de coin Kendall Fuller qui l’a pris sous son aile. Il se réjouit de le voir éclore et exercer un rôle aussi important dès sa deuxième année dans la NFL.

« On savait qu’il avait un bon gabarit, mais le plus important est qu’il a démontré tout de suite sa volonté d’apprendre. C’est encore le cas cette année. Il a saisi son opportunité lorsqu’elle s’est présentée. 

« Benji ne sera peut-être jamais le gars qui va le plus gueuler, mais on sait tous à quel point il est un vrai compétiteur », a-t-il souligné.

Benjamin St-Juste n’a peut-être que 25 ans, mais à écouter ses coéquipiers, un constat s’impose : le Québécois qui est parti de loin fait déjà partie des meubles à Washington. 

« Il peut devenir un joueur spécial »

Benjamin St-Juste s’apprête à réaliser un sac du quart aux dépens de Trevor Lawrence, des Jaguars le 11 septembre.
Benjamin St-Juste s’apprête à réaliser un sac du quart aux dépens de Trevor Lawrence, des Jaguars le 11 septembre. Photo d’archives

« Ben a tous les outils pour être un excellent demi de coin dans cette ligue, pendant longtemps. » Ces mots ne sont pas ceux d’un simple admirateur de Benjamin St-Juste, mais plutôt ceux de son entraîneur de position et lui-même ancien demi défensif dans la NFL, Chris Harris.

Le Journal s’est entretenu avec Harris aux abords du vestiaire des Commanders pendant que Bob Marley crachait dans les haut-parleurs le célèbre refrain du tube Three Little Birds

Publicité

Les paroles « Every little thing gonna be all right » résonnaient comme des écrits prémonitoires quant à la carrière du Québécois.

« S’il continue de travailler comme il le fait, il peut devenir un joueur vraiment spécial », a salivé Harris.

Atouts uniques

Ce dernier, après une carrière de huit saisons comme joueur avec les Bears de Chicago et les Panthers de la Caroline, en est à sa troisième campagne comme entraîneur des demis défensifs à Washington et à sa neuvième année dans la ligue. Dès qu’il s’est mis à parler de son protégé montréalais, il n’a pu réprimer un sourire en coin.

« La combinaison de son physique et de sa vitesse, c’est très rare. Les demis de coin de 6 pi 3 po ne poussent pas dans les arbres. Les gars de sa grandeur n’ont pas souvent la même explosion et les mêmes mouvements latéraux », a-t-il exposé. 

Polyvalence appréciée

Avant cette saison, St-Juste a principalement évolué comme demi de coin à l’extérieur. 

Pendant la dernière saison morte, les Commanders l’ont muté vers l’intérieur, plus près de la ligne de mêlée. Un changement qui peut sembler mineur aux yeux des néophytes, mais qui n’est pas passé inaperçu parmi le personnel d’entraîneurs.

« C’est loin d’être aussi facile que ce que les gens peuvent penser. Ça l’a forcé à apprendre l’entièreté de ce qui se passe dans notre système et il a amélioré encore plus son QI de football », a encensé Chris Harris. 

Le changement de position a d’ailleurs plu à St-Juste, qui le voit comme un atout additionnel dans son jeu.

Publicité

« Je ne suis vraiment pas arrivé à mon sommet. Que ce soit en jouant à l’intérieur ou à l’extérieur, j’apprends chaque semaine. Je suis encore jeune, ça fait juste un an et demi que je suis ici », a dit modestement le demi de coin.

« Tout ça a apporté plus de polyvalence dans mon jeu. Ça fait de moi un joueur plus utile. »

Deux personnalités

S’il y a unanimité dans le vestiaire pour dire que St-Juste est de nature discrète, Chris Harris voit tout de même deux Benjamin fort différents.

« Il est le plus réservé du groupe de demis défensifs. Je déjeune souvent avec lui le matin dans nos locaux. On parle beaucoup et je commence à bien le connaître sur le plan personnel. Il est quelqu’un de réservé, mais il est entier. »

« Sur le terrain, il ne joue pas du tout avec la même attitude. C’est comme si on voit deux gars différents. Quand il fait un gros jeu, il devient très excité et il montre ses émotions. » 

Bons mots de Del Rio

Photo courtoisie, COMMANDERS, EMILEE FAILS
Photo courtoisie, COMMANDERS, EMILEE FAILS

Le coordonnateur défensif des Commanders, Jack Del Rio, est entraîneur dans la NFL depuis maintenant 24 ans. Il n’est clairement pas à son premier rodéo et il s’est dit impressionné lorsqu’on lui a demandé de décrire la croissance comme joueur de Benjamin St-Juste. « Il a pris beaucoup de maturité, après une excellente saison morte. On a tout de suite vu qu’il était un joueur différent et quand on l’a fait jouer à l’intérieur, il n’a jamais sourcillé. On l’a ramené vers l’extérieur et il a fait ses petites affaires sans dire un mot. Il est un professionnel qui travaille de la bonne façon et qui nous donne du bon football », a-t-il lancé.

Publicité

Grosse visite des Vikings

C’est de la visite importante qui s’amène pour Benjamin St-Juste et les Commanders en fin de semaine à Washington. Les Vikings (6-1) seront sur place avec le prolifique trio de receveurs formé de Justin Jefferson, Adam Thielen et KJ Osborn. « Je serai très occupé ! », a souri St-Juste. C’est le genre de duel que tu veux vivre comme demi de coin. C’est une équipe qui va lancer la balle en masse. Jefferson va réussir des jeux, Thielen aussi et moi aussi. On est tous des athlètes de haut niveau et ce sera une bonne bataille. La clé sera de garder les jeux explosifs au minimum. »

Sur une belle lancée

Les Commanders ont perdu quatre de leurs cinq premiers matchs et semblaient en déroute. Depuis, ils ont signé trois gains consécutifs, ce qui garde l’équipe bien en vie malgré une féroce compétition dans la division Est. « Chaque équipe a un processus différent. Certaines équipes commencent l’année très hot dès le départ. Nous, ça nous a pris plus de temps, mais on a compris ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas avec le type de joueurs qu’on a. On sait qu’on a l’équipe pour gagner. Même quand on est en arrière d’un touché ou plus, on ne panique pas parce qu’on est revenu de l’arrière plusieurs fois », a fait valoir St-Juste.

Publicité
Publicité