Plongeons ensemble dans un petit exercice de politique-fiction


Josée Legault
Pour le Bloc Québécois, sa courte victoire à la partielle de LaSalle–Émard–Verdun – un château fort libéral – est un cadeau tombé du ciel.
Son chef Yves-François Blanchet en retirera un certain pouvoir de négociation face à un gouvernement Trudeau impopulaire et largué par le NPD.
La victoire bloquiste signale aussi au chef conservateur Pierre Poilievre, dont l’avance pancanadienne de 20 points tient bon, qu’au Québec, il devra trimer plus fort.
Pour Justin Trudeau, même s’il ne démissionnera pas, la perte d’une deuxième partielle d’affilée en trois mois le plombe encore plus. Même s’il quittait la politique, le PLC n’en serait pas moins encore vu par une majorité de Canadiens comme un régime en fin de vie.
Sur ces constats, faisons maintenant un petit exercice de politique-fiction. Seul l’avenir dira s’il est plausible ou non. Alors, plongeons en 2025...
Inévitable mouvement de balancier
Deux mille vingt-cinq. Le scrutin fédéral a lieu au printemps. Sous un Pierre Poilievre persuadé d’être le messie venu rescaper un pays au bord de la guerre et de la famine, les conservateurs forment un gouvernement majoritaire.
Après trois mandats au pouvoir, un exploit en soi, Justin Trudeau accepte la défaite avec élégance et annonce qu’il part faire le tour du monde.
Après tout, le mouvement de balancier entre le PLC et le Parti conservateur finit toujours par s’imposer. Comme les impôts et la mort, il est inévitable.
Au lendemain des élections, le Canada anglais se réveille néanmoins avec un étrange sentiment de déjà-vu. Raflant plus de 50 sièges au Québec, le Bloc, comme en 1993, accède au statut prisé d'opposition officielle du Canada ou, si vous préférez, His Majesty's Loyal Opposition.
Rappelons qu’en 1993, contre toute attente, le Bloc de Lucien Bouchard, un parti souverainiste fraîchement né des échecs constitutionnels du Lac Meech et de Charlottetown, formait l’opposition officielle.
En 1993, les 54 sièges du Bloc n’avaient toutefois pas empêché le nouveau chef libéral Jean Chrétien de former un gouvernement majoritaire. Quant au Parti progressiste-conservateur, après deux mandats, même la démission de Brian Mulroney avant les élections n’avait pu le sauver d’une défaite dévastatrice.
Là encore, l’effet de balancier entre les deux grands partis avait fait mouche.
De retour maintenant à notre exercice de politique-fiction...
De 1994 à 2026
Comme en 1993, 2025 marque l’année précédant des élections au Québec. Malgré un contexte différent, le Parti Québécois, à l’opposition, se retrouve encore possiblement aux portes du pouvoir avec la promesse d’un référendum.
Le 5 octobre 2026, après la démission de François Legault en juin et le couronnement hâtif de sa successeure Christine Fréchette, la CAQ, dont l’impopularité persiste néanmoins, perd le pouvoir.
Sous Paul St-Pierre Plamondon, le PQ récolte une majorité serrée de sièges. Le PLQ, sous son nouveau chef, augmente sa députation à l’opposition officielle. La CAQ termine au 3e rang, ex aequo avec Québec solidaire. Éric Duhaime devient conseiller spécial de Poilievre.
Le tout, pendant qu’à Ottawa le Bloc est à l’opposition officielle face à un premier ministre ultraconservateur trop occupé à faire fondre l’État canadien pour s’intéresser à la question nationale québécoise.
Rappelons que ceci n’est pas une prédiction, mais un simple exercice de politique-fiction. Bien des choses peuvent changer d’ici là...