«Starmania» : plein la vue et les oreilles
L’édition 2022 de Starmania impressionne déjà, à quelques jours de sa première parisienne


Bruno Lapointe
PARIS | Grandiose. Voilà le mot qui définit le mieux les cinq tableaux de l’opéra rock Starmania présentés aux médias vendredi, dans la Ville Lumière.
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On a beau connaître les airs de Starmania – et même les détours de son intrigue –, et ce, depuis belle lurette. Pourtant, c’est sous un tout nouveau jour qu’on redécouvre aujourd’hui l’œuvre de Luc Plamondon et Michel Berger, cette fois-ci portée sur la scène par Thomas Jolly. Les médias français le qualifient depuis plusieurs années de « prodige », n’hésitant pas à vanter ses mérites à la moindre occasion.
Et ils ont visiblement toutes les raisons de le faire.
Voix phénoménales
Car sa vision transporte aujourd’hui Starmania dans le nouveau millénaire, sans jamais dénaturer l’œuvre originale. Un travail tout en finesse et précision, comme en font foi les extraits vus par Le Journal à la Seine musicale, où le spectacle prenait l’affiche vendredi soir.
Premier constat : les voix sont invariablement impeccables. Heureusement, en fait, puisque les chansons représentent le squelette même du spectacle, les fondations sur lesquelles vient s’appuyer son récit. Les titres classiques sont donc manifestement entre bonnes mains avec les interprètes de cette nouvelle mouture, à commencer par David Latulippe.
Absolument bluffant dans la peau de Zéro Janvier, le Québécois livre la plus puissante, la plus nuancée et la plus touchante des versions du Blues du businessman qu’il nous a été donné d’entendre. Seul sur une scène nue criblée de faisceaux lumineux, David Latulippe risque fort bien de séduire nos cousins français avec ses acrobaties vocales aussi phénoménales que parfaitement maîtrisées.

Autre Québécoise au sein de la distribution régulière, Miriam Baghdassarian épate tout autant en prêtant ses traits à Sadia, la tête dirigeante des Étoiles noires. La chanteuse – au charme magnétique avec sa perruque bleue – incarne le personnage avec tout le chien nécessaire, rappelant instantanément une jeune Nanette Workman grâce à sa tessiture vocale et son énergie brute, contagieuse.
Divine Marie-Jeanne
La surprise de cet aperçu ? L’artiste non binaire Alex Montembault, qui insuffle à Marie-Jeanne une énergie nouvelle et bien singulière. Un casting audacieux, peut-être, pour certains. Mais un choix judicieux et, avouons-le, carrément parfait.
Son Les uns contre les autres nous a soufflés. On se meurt déjà d’impatience de découvrir sa version du classique Le monde est stone, pour laquelle on devra patienter jusqu’à la première du spectacle, prévue mardi.
On a également pu constater que Lylia Adad (Cristal) s’acquitte parfaitement du tube Monopolis avec sa voix juste assez éthérée et cristalline, et qu’Adrien Fruit défend avec toute la fougue nécessaire le personnage de Ziggy.
Visuellement, l’édition 2022 de Starmania semble prête à coiffer les moutures précédentes du fait de son utilisation de la lumière et des écrans omniprésents, capables de transformer une immense structure amovible en un tournemain. Celle-ci – à la fois imposante et majestueuse – fait office tantôt de la tour de Zéro Janvier, tantôt de l’intérieur de la discothèque Naziland, plaque tournante du récit.
Des costumes sublimes

Les costumes – signés par nul autre que le directeur artistique de Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière – sont quant à eux sublimes. Modernes, chics et de bon goût, ils regorgent de strass, de paillettes et de lamé pour bien créer l’opulence et la démesure de la dystopie fictive, mais on ne peut plus actuelle, dans laquelle nous transporte l’opéra rock.
L’aventure Starmania est donc officiellement lancée dans la Ville Lumière. Et elle semble parfaitement outillée pour se tailler une place de choix dans le cœur du public français.
- L’opéra rock Starmania est présenté à Paris jusqu’au 29 janvier.