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Plateaux de travail pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle: «C'est de l'exploitation pure et simple»

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Photo portrait de Yannick Beaudoin

Yannick Beaudoin

2025-06-05T19:06:11Z
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Le directeur général et fondateur de l’organisme Pleins Rayons, Stephan Marcoux, s’insurge contre les plateaux de travail qui emploient 3300 personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme, à travers le Québec.

«C'est de l'exploitation pure et simple», a-t-il déclaré, en entrevue à l’émission de Benoit Dutrizac, diffusée à QUB radio et télé, diffusé simultanément au 99,5 FM à Montréal.

M. Marcoux a fondé Pleins Rayons avec sa conjointe il y a 10 ans afin de donner un rôle social actif à ces citoyens, qui sont trop souvent relégués aux oubliettes dès le début de la vingtaine.

«Très souvent quand ils arrivent à 21 ans, il y a très peu de services, donc ils tombent dans des programmes qu'on appelle maintien d'acquis où ils vont passer du temps. C'est comme un retraité, il va passer du temps, il va jouer au bingo [...] On les occupe», mentionne-t-il.

L’organisme Pleins Rayons s’occupe de ces personnes en leur donnant une formation, en prenant le temps de bien les encadrer et surtout en leur redonnant une estime personnelle.

«Le rôle social actif, c'est plein de projets. [...] On fait de la formation, on fait de vrais apprentissages, il y a de la couture, de la réparation de vélo, de l'apiculture, de l'horticulture, de la menuiserie...», énumère Stephan Marcoux.

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«On les amène tranquillement pas vite vers le travail, vers l’emploi [...] C'est une vitrine pour montrer comment ces gens-là sont capables, comment ils peuvent jouer un rôle important dans leur communauté», ajoute-t-il.

• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«La roue tourne croche»

M. Marcoux et son organisme sentent toutefois qu’ils travaillent contre un système hautement défectueux.

«Le but premier, c'est qu'ils deviennent des gens qui sentent qui font partie de la grande roue qui tourne, mais au Québec, la roue tourne croche», commente le directeur général de Pleins Rayons.

Pour cet organisme, le travail et la formation effectués par ses apprentis ont un début et une fin. «Ce n'est pas une perpétuité», clame Stephan Marcoux.

Ce dernier déplore que certaines entreprises utilisent les personnes en situation de déficience intellectuelle ou sur le spectre de l’autisme comme de la main-d’œuvre bon marché, tout en bénéficiant du financement offert par Québec. Ils sont généralement payés entre cinq et huit dollars par jour ou encore ils travaillent bénévolement.

Certains de ses travailleurs doivent même débourser 16 dollars par mois pour aller travailler gratuitement dans des organismes à but non lucratif (OBNL), soutient le DG de Pleins Rayons.

Selon lui, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, comprend très mal comment fonctionnent les plateaux de travail.

«C'est ça que je déplore parce que monsieur Carmant, il défendait les plateaux de travail l’autre jour[...] C'est indéfendable. Tu ne peux pas défendre ça», martèle M. Marcoux, qui estiment que ceux-ci ressemblent davantage à un «stage à perpétuité», clame M. Marcoux.

«S'il fait un travail, puis un bon travail, puis qu’il est bon à son travail, pourquoi ne pas le payer à sa juste valeur? Tu fais un travail, t'es payé. C'est indéfendable», ajoute-t-il.

Le ministre Lionel Carmant n'a pas souhaité commenté dans l'immédiat l'entrevue de Stephan Marcoux. Il doit cependant venir discuter du dossier lors d'une entrevue à l'émission de Benoit Dutrizac la semaine prochaine.

Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.

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