Planter des arbres à noix: un joli défi pour les jardiniers patients

Albert Mondor
La production de noix et de noisettes exige une bonne dose de patience. À moins que vous soyez un jeune adulte, la plantation d’un noyer doit plutôt être vue comme un héritage que vous laisserez à vos enfants.
Toutefois, bien que la plupart des noyers atteignent leur pleine production vers l’âge de 25 ans, certaines essences de noisetiers peuvent fournir leurs premières récoltes dès l’âge de cinq ou six ans. Vous trouverez dans cette chronique les descriptions de quelques espèces d’arbres et d’arbustes à noix figurant parmi les plus productives et faciles à cultiver.
Outre le fait qu’il faut faire preuve d’une grande patience, le plus grand défi lié à la culture des arbres à noix est assurément d’arriver à les protéger correctement contre les attaques des écureuils, puisque ceux-ci raffolent des noix et des noisettes. Pour éloigner les écureuils de vos récoltes, vous pouvez utiliser un répulsif commercial, tel que Bobbex-R ou Plantskyyd par exemple. Comme ces répulsifs ont un goût et une odeur très désagréables – certains sont composés de benzoate de dénatonium, qui est considéré comme la substance la plus amère existant sur terre –, il suffit de les vaporiser sur les noix pour éloigner les écureuils qui s’y intéressent. Pour une efficacité maximale, il faudra cependant vaporiser ces produits plusieurs fois par semaine, surtout après les pluies. La seconde option consiste à recouvrir vos arbres d’un filet ou d’un agrotextile quelques semaines avant le moment de la récolte.
NOYER CENDRÉ
Le noyer cendré est un arbre majestueux aux feuilles composées de multiples folioles et à l’écorce grise. Il peut atteindre près de 30 mètres de hauteur. Malheureusement, les populations de noyers cendrés sont particulièrement malmenées depuis quelques décennies. Cette espèce indigène du Canada est sévèrement affectée par une maladie appelée chancre du noyer cendré, qui est causée par un champignon provenant d’Asie. Le noyer cendré est considéré comme étant une espèce en péril dans la majeure -partie de l’est de l’Amérique du Nord. Depuis 2005, il est inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition au Canada.
Il est important de replanter cet arbre pour assurer la survie de l’espèce. On peut retrouver dans certaines pépinières des arbres provenant de populations de noyers cendrés résistantes au chancre ainsi que des hybrides impliquant le noyer cendré, le noyer noir et le noyer du Japon offrant une meilleure résistance aux maladies. Les cultivars « Fioka », « Mitchell » et « Morgan » en sont de bons exemples.

NOYER NOIR
De toutes les espèces de noyers, le noyer noir est assurément l’une des plus majestueuses. On peut se convaincre de la grande beauté de cette essence en visitant le Domaine Joly-De Lotbinière, situé sur les berges du fleuve Saint-Laurent au sud de Québec, où l’on retrouve quelques noyers noirs ancestraux faisant plus de 25 mètres de hauteur.
Les noix du noyer noir ressemblent aux noix de Grenoble, mais elles ont par contre une exquise saveur fruitée plus complexe que ces dernières. Elles sont recouvertes d’une épaisse pelure verte, appelée brou, très collante et qui produit une teinture de couleur jaune verdâtre.

NOYER DU JAPON
Le noyer du Japon produit une noix comestible dont la coque possède la forme d’un cœur. Cet arbre à croissance très rapide – ses jeunes tiges peuvent pousser de plus d’un mètre en une saison seulement – met moins de temps à produire ses premières noix que la plupart des autres espèces. Optez pour le cultivar « Campbell » qui est rustique en zone 5.
Comme la majorité des noyers, le noyer du Japon exige un sol profond, riche en humus, frais et bien drainé, exposé au plein soleil.

NOISETIER DE BYZANCE
Originaire du sud-est de l’Europe et du sud-ouest de l’Asie, le noisetier de Byzance est nettement plus grand que les deux espèces précédentes. Contrairement aux autres noisetiers qui sont généralement arbustifs, il s’agit d’un arbre au port pyramidal très formel pouvant atteindre près de 15 mètres de hauteur.
Les savoureuses noisettes produites en fin d’été par cet arbre possèdent une coque plutôt dure, faisant 2 à 3 mm d’épaisseur. Résistant à la sécheresse une fois qu’il est bien implanté, le noisetier de Byzance est rustique en zone 4b.

PACANIER
Le pacanier est un arbre originaire du sud-est des États-Unis. Il pousse bien dans le nord de l’Iowa et le sud du Wisconsin, où le climat ressemble à celui du sud du Québec, et il supporte des températures aussi basses que - 30 °C. Cet arbre est rustique en zone 5 et possiblement en zone 4b si on prend soin de le planter dans lieu bien protégé des vents.
Par contre, lorsqu’on le cultive en milieu nordique, le pacanier produit des noix plus petites et à coque plus mince, mais dont la saveur est plus sucrée. Constituée de 72 % de lipides, particulièrement riche en gras oméga-6, la pacane est l’un des fruits secs les plus caloriques qui soient.

NOISETIER D’AMÉRIQUE
Le noisetier d’Amérique pousse de façon spontanée dans l’est du Canada et des États-Unis. Cet arbuste est très résistant au froid mais légèrement moins que le noisetier à long bec. Comme ses fleurs mâles émettent du pollen pendant une longue période de temps, le noisetier d’Amérique est un excellent pollinisateur pour les autres espèces de noisetiers.
Sa hauteur excède rarement 2,5 mètres mais, comme il drageonne abondamment, il faut le tailler régulièrement si on veut éviter qu’il devienne trop large. Puisqu’il atteint de petites dimensions, qu’il est peu sujet aux attaques des insectes nuisibles et qu’il produit une abondance de noisettes, cela en fait une espèce de choix pour les jardins urbains.

NOISETIER À LONG BEC
Si vous êtes peu patient et que vous souhaitez récolter des noix rapidement, vous pouvez vous tourner vers le noisetier à long bec, aussi appelé coudrier. En effet, trois années seulement après la mise en terre, ce grand arbuste indigène faisant environ 2,5 m de hauteur commencera sa production de délicieuses noisettes contenues dans une enveloppe verte à long bec. De plus, l’écorce de ce noisetier est réputée pour ses propriétés médicinales et ses branches étaient autrefois utilisées par les sourciers.
Le noisetier à long bec préfère les sols riches en humus, frais et bien drainés, situés au plein soleil comme à l’ombre légère. La production de fruits est toutefois supérieure avec plus de six heures d’ensoleillement. Bien que les fleurs mâles et femelles soient portées par le même plant, il faut idéalement planter deux ou trois spécimens de noisetiers à long bec ensemble afin d’obtenir une bonne récolte. Cet arbuste résiste sans problème aux conditions hivernales qui sévissent en zone 2.
