Plaintes pour bruit : l'Union française de Montréal pourrait cesser ses activités

Axel Tardieu
L'institution culturelle l’Union française pourrait cesser ses activités. Les plaintes de voisins se multiplient et les travaux demandés par la Ville pour insonoriser le bâtiment menaceraient la survie financière de l'organisme.
L'Union française de Montréal, fondée en 1886, organise chaque année près de 250 événements qui attirent plus de 1000 personnes par semaine. Son avenir est toutefois incertain en raison d'un conflit de voisinage.
Depuis 2022, la Ville de Montréal a reçu quatre plaintes en journée à cause du bruit.
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Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) refuse de divulguer le nombre de plaintes nocturnes, mais l'organisme estime en avoir eu environ 150 en moins d'une année, selon ses échanges avec les policiers.
«On s'est rendu compte qu'il y avait des plaintes qui existaient alors qu'il n'y avait même pas d'événement», déplore Yan Niesing, président du conseil d'administration.

Le bâtiment, situé sur l'avenue Viger près du CHUM, se trouve dans un secteur résidentiel de Ville-Marie.
Piyush Jain habite dans l'un des condominiums récemment construits derrière l'Union française. Membre du conseil d'administration de son immeuble, il confirme que lui et quelques voisins sont à l'origine de plus d'une trentaine de plaintes.
«Aucun de nous ne veut les voir fermer, mais ils doivent investir pour diminuer le bruit», dit-il.
Plus d’investissements
L'Union française affirme avoir investi plus de 50 000 $ en travaux d'amélioration acoustique au cours de la dernière année.
«On a refait des murs, réduit le nombre d'enceintes, et on a mis des rideaux autour de la pièce principale pour éviter les rebonds du son», explique Yan Niesing.

Malgré ces efforts, l'étude acoustique commandée par la Ville recommande un investissement de près de 150 000 $ pour respecter la réglementation. L'organisme ne dispose pas de ces fonds.
«Si on n'arrive plus à louer notre salle ou à faire des événements, on ferme en moins de deux mois», assure Yan Niesing.
Une réglementation controversée
Le règlement municipal actuel sur le bruit date des années 1970 et impose des limites uniformes sans tenir compte du contexte environnant. Cette réglementation a déjà causé la fermeture du cabaret La Tulipe en septembre dernier.
Un nouveau règlement est prévu pour l'automne et devrait permettre aux salles de spectacle d'adapter leurs niveaux sonores au bruit ambiant de leur quartier.
«Il va mieux protéger nos salles de spectacle», reconnaît Ericka Alneus, conseillère de la Ville et responsable de la culture au comité exécutif.
Selon elle, la nouvelle mouture du règlement sur le bruit améliorera la cohabitation.
Des critiques persistent
Chantal Rossi, porte-parole d'Ensemble Montréal en matière de culture, affirme que «les modifications ne viennent pas répondre aux enjeux» et qu’elles créent de «nouvelles pressions sur les petites salles».

L'organisme MTL 24/24 partage ces inquiétudes. «On reconduit les mêmes aspects problématiques de l'ancien règlement qui en est venu à la fermeture du Divan Orange et de La Tulipe», estime Xavier Bordeleau, analyste sectoriel pour MTL 24/24.
Les Montréalais peuvent donner leur avis sur le futur règlement sur le site de la Ville jusqu'au 25 juillet.