Plainte d'une association après un naufrage meurtrier de migrants dans la Manche

L'association d'aide aux migrants Utopia 56 a porté plainte contre plusieurs représentants des autorités françaises et britanniques pour homicide volontaire après le naufrage d'une embarcation clandestine ayant fait quatre morts fin 2022. 

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La plainte, déposée au parquet de Boulogne-sur-Mer, vise notamment le préfet maritime de la Manche, le directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et sauvetage Gris Nez (Cross), la directrice des gardes-côtes britanniques, pour homicide volontaire et omission de porter secours.

Quatre migrants, dont un adolescent, sont morts dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, lorsque leur bateau a chaviré dans l'eau glaciale alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Angleterre. Une quarantaine d'autres avaient été sauvés.

L'opération de secours a été lancée à 3 h 21 GMT selon la préfecture maritime, après un message du centre de secours britannique de Douvres confirmant une embarcation en train de couler avec des naufragés à la mer.

Mais l'association française d'aide aux migrants Utopia 56 a indiqué avoir alerté les autorités françaises dès 1 h 59 GMT au sujet d'un bateau en détresse, après avoir été avertie par un message vocal avec une localisation dans les eaux françaises.

«S'il vous plaît, aidez-nous. Euh, nous avons des enfants et la famille dans un bateau. (...) Nous n'avons rien pour le sauvetage pour ... la sécurité», dit une personne dans ce message joint à la plainte.

Utopia reproche aux services de secours français et britanniques de ne pas être «intervenus sans délai», alors que la durée de survie dans l'eau hivernale ne dépasse pas les deux heures.

«Le renvoi de responsabilité entre les services a immanquablement retardé le début de l'opération de recherches», estime l'association, selon qui le premier bateau des secours britanniques a quitté la côte à 2 h 40 GMT, «soit plus de 40 minutes après l'appel de l'association».

Un homme de 19 ans, Ibrahima Bah, a été inculpé en avril 2023 au Royaume-Uni pour homicides involontaires à la suite de ce naufrage.

En 2022, année record, 52 000 personnes avaient tenté de traverser la Manche clandestinement, malgré les périls encourus. Le nombre de tentatives de traversées a baissé de 30 % en 2023, atteignant 36 000, mais douze candidats à l'exil ont péri.

Mi 2023, cinq militaires travaillant dans un centre de sauvetage en mer ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger dans l'enquête sur le naufrage le plus meurtrier dans la Manche, qui avait coûté la vie à 27 migrants fin 2021.