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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Plaidoyer pour une virilité civilisée

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Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2024-11-13T05:00:00Z
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Télé-Québec vient de diffuser Alphas, le documentaire de Simon Coutu consacré à la mouvance masculiniste.

Il donne la parole à plusieurs de ses représentants québécois, qui s’insurgent non seulement contre le féminisme et ses excès, mais qui plaident aussi, de manière quelque peu délirante, pour le modèle de la femme soumise, reine au foyer, et heureuse de ne pas en sortir.

Le monde vers lequel ils nous proposent de revenir ne me semble en rien désirable.

C’est toutefois un documentaire militant, qui cherche à caricaturer son objet, sans chercher à comprendre à quelle tendance ces hommes réagissent.

  • Écoutez en balado sur la plateforme QUB la rencontre Mathieu Bock-Côté et Richard Martineau diffusée aussi au 99.5 fm Montréal :

Sexes

Il y a, depuis de nombreuses années, en Occident, un discours hostile aux hommes, pour lequel toute masculinité est fondamentalement toxique.

L’homme qui drague une femme serait nécessairement un agresseur, peut-être même un violeur.

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L’homme qui ne pleure pas au moindre coup dur serait un refoulé émotionnel.

L’homme qui souhaite prendre soin de sa famille et s’en veut le protecteur est assimilé à un tyran domestique.

En fait, ce sont les deux sexes qui sont aujourd’hui dans la mire du néo-féminisme.

L’homme s’est fait diaboliser, mais la femme elle-même a été niée de la plus violente manière.

La théorie du genre et l’idéologie trans radicale ont même été jusqu’à s’en prendre aux enfants pour déstabiliser leur identité sexuelle, en les poussant, quoi qu’on en dise, à se questionner sur leur «genre», ce qui est la meilleure manière de provoquer chez eux une forme de confusion psychique conduisant, au pire, à la mutilation chirurgicale ou chimique.

Est-il normal que le discours dominant dans une société pousse à la dissolution des repères anthropologiques et naturels élémentaires, au point de nier la dualité sexuelle qui fonde l’espèce humaine et le vivant, plus largement? Était-il normal par ailleurs de harceler la jeune génération avec des drag-queens hypersexualisées dans les écoles?

Une telle révolution, avec ses délires, allait inévitablement entraîner un retour de balancier.

Il nous vient de la société américaine, et est amplifié par les réseaux sociaux.

D’un côté, il célèbre une féminité exacerbée, sur le modèle bimbo, ou alors une célébration de la tradwife, la femme traditionnelle.

De l’autre, on renoue avec une masculinité primitive, brutale, régressive, qui doit beaucoup à la vulgarité américaine, où l’argent écrase tout. Elle s’appuie même sur une conception de la religion seulement censée soutenir un ordre du monde immuable.

Il faut assurément renouer avec la virilité, mais une virilité civilisée.

Détresse

Une virilité travaillée par l’idéal chevaleresque, une virilité cultivée, courtoise, élégante, célébrant aussi, évidemment, l’esprit d’entreprise et la reprise en main par chacun de sa propre vie. Une virilité qui n’est pas effrayée, mais émerveillée, par la liberté des femmes.

Ce n’est pas l’égalité entre les sexes qu’il faut condamner, c’est l’abolition des sexes, et la guerre des sexes aussi.

De ce point de vue, ce masculinisme vindicatif se rapproche moins d’une réponse à une véritable crise que d’un cri de détresse ne sachant pas qu’il en est un.

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