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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Pipeline à 16 G$, gaz naturel et charbon: l’ex-firme de Mark Carney dénoncée pour écoblanchiment

Alors qu’elle se présente comme verte, la société Brookfield est très active dans les énergies fossiles

Canada Newswire
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Dominique Cambron-Goulet et Jean-François Cloutier

2025-04-12T04:00:00Z
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Le premier ministre du Canada, Mark Carney, s’est présenté ces dernières années comme un leader de l’économie verte. Or, la firme qu’il administrait, Brookfield Asset Management, a investi des dizaines de milliards de dollars dans les énergies fossiles.

Par exemple, en 2021, Brookfield remportait une guerre d’offres pour acquérir l’entreprise canadienne Inter Pipeline, au coût de 16 G$.

Inter Pipeline gère un réseau d’oléoducs de 3900 km en Alberta. Ses pipelines sont ceux qui transportent la plus grande quantité de bitume issu des sables bitumineux vers des raffineries d’Edmonton.

En 2020, Brookfield investissait 7 G$ US dans un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) en Louisiane.

Puis, en 2022, la société achetait une participation de Scotia Gas, une entreprise de distribution de gaz au Royaume-Uni.

Écoblanchiment

«C’est une excellente définition de l’écoblanchiment», juge Amanda Mendoza de l’organisme indépendant américain Private Equity Stakeholder Project (PESP).

En 2023, elle cosignait une étude intitulée «Le paradoxe climatique de Brookfield», qui soulignait l’incohérence entre les engagements de carboneutralité de Mark Carney, alors président et chef des investissements de transition au sein de l’entreprise, et la gestion d’actifs pétroliers.

«Nous avons découvert une très grande disparité entre ce qu’ils dévoilent et le réel impact de leurs actifs énergétiques, résume-t-elle. Ils cachent des émissions de leurs actifs les plus dommageables sous des compagnies portfolios qui sont exclues de leur rapport de performance environnementale.»

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L’organisme PESP recense annuellement les actifs des fonds d’investissement privés et évalue notamment leur performance environnementale.

En janvier dernier, il a donné à Brookfield une note de D, soit l’une des pires pour les firmes étudiées.

Un monstre

Titan du monde de l’investissement, Brookfield possède en tout ou en partie près de 700 actifs énergétiques dans le monde, dont sept entreprises qui œuvrent au Canada (voir encadré).

Des installations de la firme Inter Pipeline, acquise par Brookfield et des partenaires en 2021. Crédit photo: Canada Newswire
Des installations de la firme Inter Pipeline, acquise par Brookfield et des partenaires en 2021. Crédit photo: Canada Newswire Canada Newswire

«Ils possèdent énormément d’actifs d’énergies renouvelables et aiment se présenter comme un leader climatique», souligne Amanda Mendoza.

Toutefois, 50% de ses actifs sont dans les énergies fossiles, selon le plus récent recensement de PESP.

«C’est beaucoup pour une compagnie qui dit vouloir être carboneutre en 2030», juge-t-elle.

Encore vendredi, Brookfield a acquis, au coût de 9 G$ US, Colonial Pipeline, un oléoduc de près de 9000 km allant du Texas au New Jersey.

Rétractation

En février 2021, M. Carney s’était d’ailleurs retrouvé au cœur d’une controverse après avoir déclaré que Brookfield était carboneutre sur plus de 600 G$ US d’actifs, une affirmation fausse pour laquelle il s’était rétracté.

Maintenant en politique, le premier ministre dit qu’il fera du Canada «une super puissance des énergies vertes». Mais il s'est dit en faveur de la construction de gazoducs. 

Le Parti libéral s’est engagé à accélérer la construction d’infrastructures énergétiques et à supprimer l’utilisation des combustibles fossiles dans les bâtiments du gouvernement d’ici 2030.

Frédéric Boily, professeur de science politique au campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, souligne que M. Carney ne dit pas toujours la même chose selon qu’il se trouve dans l’est ou dans l’ouest du pays.

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«Sa pensée est difficile à décoder. Ça suscite une certaine suspicion de la part de certains conservateurs, surtout compte tenu de ses prises de position passées», dit-il.

Appelée à réagir, une porte-parole du Parti libéral, Carolyn Svonkin, a indiqué que M. Carney s’était engagé une grande partie de sa vie contre les changements climatiques et a assuré que sa politique climatique, s’il est élu, serait ambitieuse et prévisible.

UN ACTEUR MAJEUR DE LÉNERGIE AU CANADA

La firme qu’a présidée Mark Carney avant de se lancer en politique est un important acteur de l’énergie au Canada, autant dans les énergies fossiles que dans les énergies renouvelables.

  • Inter Pipeline: Compagnie active dans le transport de pétrole et de gaz naturel liquéfié de l’Alberta. Fait aussi la transformation du gaz. Brookfield s’est battue pour mettre la main sur la firme en soumettant notamment une offre d’achat hostile non sollicitée;
  • NorthRiver Midstream: Entreprise canadienne exploitant notamment des gazoducs en Colombie-Britannique et en Alberta, acquise par Brookfield en 2018. La firme cherche à en construire un nouveau;
  • Ember Resources: Producteur albertain de gaz naturel en sol peu profond;
  • Rockpoint Gas Storage: Firme spécialisée dans l’entreposage de gaz naturel en Alberta;
  • TransAlta: Brookfield possède 10% de ce producteur d’électricité albertain qui exploite notamment une centrale au charbon;
  • Évolugen: Opérateur de centrales hydroélectriques, de fermes solaires et de champs d'éoliennes;
  • TerraForm Power: Exploitant d’éoliennes en Ontario et dans le reste de l’Amérique du Nord.
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